Dernier souffle balado : briser la solitude et éliminer les tabous entourant la mort

Par l’entremise de leur balado Dernier souffle, les Thetfordoises Catherine Grenier et Véronique Gaudreau souhaitent sensibiliser et informer la population sur tout ce qui concerne les soins palliatifs afin de briser la solitude et d’éliminer les tabous entourant la mort. Ce projet de capsules éducatives filmées et diffusées sur le Web offre un outil aux équipes médicales ainsi qu’aux personnes ayant reçu un diagnostic incurable et à leur entourage.

Infirmière clinicienne depuis 2018, Catherine Grenier observait un manque de connaissances et d’informations dans la population générale entourant les soins palliatifs. Dans le cadre de ses fonctions, elle accompagne plusieurs familles de personnes en fin de vie. « Je me rendais compte qu’il y avait beaucoup de mythes qui circulaient. Les gens ne savent pas ce que sont les soins palliatifs. Je me suis dit qu’il fallait trouver un moyen de les renseigner. Nous avons des dépliants offrant des informations, mais lorsque nous vivons ce type d’épreuve, nous n’avons pas nécessairement la tête à le lire. Comme je suis une grande consommatrice de balados, je me suis dit que ce serait une bonne idée d’en créer un, d’autant plus qu’il pourrait en même temps rejoindre la population plus jeune. »

Catherine a discuté de son idée avec Véronique Gaudreau, directrice générale de la ligne d’écoute Expression, qu’elle souhaitait amener comme coanimatrice. Elle croyait que le travail d’Expression, notamment en santé mentale, établissait un beau lien avec l’objectif du projet. Elle trouvait également intéressant de lier son projet à un organisme communautaire.

« Lorsque Catherine nous l’a présenté et qu’il a été soumis au conseil d’administration, c’était unanime qu’il s’agissait d’un beau projet. Il met en lumière les forces de notre organisme, en plus de cadrer avec notre mission et nos valeurs. Le balado est un outil d’expression permettant d’aider les gens dans cette période difficile et je trouve que cela fait un pont entre nos deux milieux connexes. En parallèle, Expression offre un service d’accompagnement entourant le deuil. Le projet nous offrait aussi l’occasion de nous faire connaître auprès du système de santé tout en nous donnant une visibilité auprès de la population », a souligné Véronique Gaudreau. 

Pour elle, la proposition du balado représentait également un petit côté personnel puisqu’elle venait de vivre cette situation avec le décès de son père. « Pour l’avoir vécu, c’est déstabilisant. J’ai eu toutes sortes de questionnements. Quand Catherine m’a demandé de coanimer, je me suis dit que ce serait tellement pertinent. Je trouvais que c’était un outil intéressant puisque tu peux simplement prendre une pause et l’écouter d’où tu veux. C’est très humain la façon dont on le fait et c’est accessible à tous. »

DÉMYSTIFIER LA FIN DE VIE

S’adressant aux professionnels de la santé évoluant en soins palliatifs, mais aussi à la population en général, à la personne atteinte d’une maladie incurable ainsi qu’à son entourage, le balado Dernier souffle est offert au rythme d’un épisode aux deux semaines. La mise en ligne se fait les jeudis. Un total de dix épisodes a déjà été enregistré pour la première saison qui a commencé en janvier. La deuxième est déjà en préparation. 

Il vise à démystifier certaines étapes, pratiques et concepts entourant la fin de vie, informer la population sur les dernières recherches/données scientifiques entourant les soins palliatifs, éliminer les tabous sur la mort, le deuil et la détresse vécus en fin de vie ainsi qu’à offrir un support pour briser la solitude. « L’objectif est de partager des outils et des pistes de réflexion, aider, sensibiliser, éduquer et accompagner les gens. Parfois, juste pour amorcer une discussion en famille qui sera nécessaire »,  a indiqué Véronique.

Selon les coanimatrices, ce sujet est important à aborder dans le but de rendre la fin de vie la plus douce et paisible possible, en plus de permettre aux gens de cheminer et d’accepter le départ d’un proche. « Je dis depuis le début que si je peux aider une seule personne à faire son deuil, pour moi, c’est mission accomplie », a affirmé Catherine en qualifiant Dernier souffle de « projet de cœur ».

Des intervenants du monde de la santé et des services sociaux sont invités d’un épisode à l’autre afin d’aborder différents sujets liés aux soins palliatifs. Les organismes et ressources pouvant soutenir les familles sont aussi mis de l’avant. « Parfois, nous ne sommes pas portés à aller vers eux, mais ils sont là pour ça. Notre but est aussi de faire rayonner toutes les ressources, qu’elles soient publiques ou privées, existant sur notre territoire, mais aussi ailleurs dans la province », a expliqué Véronique.

Jusqu’à maintenant, la promotion de leur balado se fait essentiellement par le bouche-à-oreille. Elles aimeraient éventuellement qu’il soit connu et puisse aider des gens à travers la province, mais aussi le monde francophone. 

Deux entreprises locales, Sideways et Moonlight Web, ont été interpellées pour l’enregistrement et la production vidéo, ainsi que la gestion en ligne. Il est possible de suivre les activités du balado Dernier souffle sur Facebook et Instagram. Les épisodes sont disponibles sur YouTube, Spotify et Apple Podcasts.