« Le succès de n’importe quel plan en santé passera par la main-d’œuvre » – André Fortin

Le Parti libéral du Québec (PLQ) dénonce l’accès aux soins de santé de plus en plus difficile au Québec et en Chaudière-Appalaches. De passage à Thetford Mines dans le cadre de leur caucus présessionnel, le porte-parole de l’opposition officielle en matière de santé, André Fortin, et la responsable de la région, Michelle Setlakwe, pressent le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) à intervenir.

Tout en soulignant le travail du personnel en place qui fait tout ce qu’il peut pour aider et prodiguer des soins de qualité à la population, le député de Pontiac a voulu sonner l’alarme sur le manque de main-d’œuvre qui entraîne de plus en plus de répercussions négatives sur le réseau de la santé et des services sociaux. Il a notamment pointé du doigt le nombre de citoyens en attente d’une chirurgie qui ne cesse d’augmenter. 

« Au début de la pandémie, il y avait 115 000 personnes en attente d’une chirurgie au Québec. Aujourd’hui, il y en a 171 000, et seulement le mois dernier, 6000 personnes se sont ajoutées », a déploré André Fortin.

En Chaudière-Appalaches, le nombre de patients en attente est de 8675, dont 277 depuis plus d’un an. En ce qui a trait aux patients en attente d’une chirurgie oncologique, la liste provinciale en compte 4402, dont 763 depuis 57 jours et plus alors que la cible est que chacun ait été opéré dans un délai de 56 jours. Dans la région, ce sont 192 patients en oncologie qui attendent, incluant 38 depuis 57 jours et plus.

Cette situation se voit aussi dans les salles d’urgence à travers la province. À Thetford, le taux d’occupation des civières s’est retrouvé autour de 200 % à quelques reprises au cours des dernières semaines. André Fortin a également dénoté les délais d’intervention de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de plus en plus longs. 

Michelle Setlakwe a pour sa part mentionné à quel point la population de Thetford a toujours été fière de son hôpital « Les gens y reçoivent des soins de qualité, mais là, ils sont inquiets pour l’avenir. Ce que j’entends aussi des acteurs locaux, c’est qu’ils ont peur que l’hôpital de Thetford soit traité comme un centre de deuxième ou troisième rang. Il faut plutôt lui donner toute l’attention qu’il mérite. »

À ce sujet, André Fortin a dénoncé les mesures qui s’adressent principalement aux grandes villes comme Montréal et Québec, et pas aux régions comme celle de Chaudière-Appalaches. « Le gouvernement parle d’envoyer des chirurgies au privé, cela aura peut-être du bon, mais il n’y en a pas de cliniques privées à Thetford. Ça prend des stratégies pour les régions également parce que comme l’a dit Michelle, les gens sont fiers de leur hôpital et veulent avoir des services localement. Si on continue comme ça, on ne sera plus en mesure de leur en donner. »

RECRUTEMENT ET RÉTENTION

Le PLQ propose entre autres d’aller recruter à l’étranger, mais aussi dans les autres provinces telles l’Ontario et le Nouveau-Brunswick, soulignant que ces dernières le font aussi au Québec. « Ce que nous aimerions voir du gouvernement, c’est une réelle stratégie d’attraction et de rétention du personnel en santé, a indiqué André Fortin. En ce moment, ce que nous voyons, c’est un gouvernement qui veut forcer les professionnels, les infirmières notamment, à travailler un peu partout dans le réseau. Ça n’envoie pas le message aux gens de venir chez nous, qu’ils vont avoir de bonnes conditions, aimer leur travail et avoir un emploi stable. Ce que nous demandons au gouvernement, pour le Québec, mais spécifiquement pour la région de Chaudière-Appalaches, c’est comment va-t-il s’assurer qu’il y ait le personnel nécessaire pour assurer les soins? »

En tant que porte-parole libéral en santé, André Fortin a suivi de près le dossier du projet de loi 15 visant à rendre le système de santé et de services sociaux plus efficace. « Nous voulons que le gouvernement réussisse. Si c’est le cas, cela voudra dire qu’il y a des soins additionnels qui seront donnés à la population. […] Le gouvernement de la CAQ et le ministre de la Santé Christian Dubé ont passé la dernière session à nous dire qu’il y avait une réforme qui arrivait et qu’elle allait régler beaucoup d’enjeux. Maintenant qu’elle est passée, nous avons besoin d’avoir des résultats. »

Le député de Pontiac est catégorique : le succès de n’importe quel plan en santé passera par la main-d’œuvre. « On peut avoir tous les projets d’infrastructure qu’on veut, on peut construire des murs tout neufs et y mettre de l’équipement, mais si on n’a pas plus de personnel pour y travailler, on ne sera pas plus avancé », a-t-il conclu.