Reynaud Fortier subit son procès pour agression sexuelle

Le procès de Reynaud Fortier s’est tenu les 23 et 24 avril au palais de justice de Thetford Mines. L’ex-homme d’affaires de 81 ans est accusé d’agression sexuelle contre un garçon d’âge mineur. Les gestes allégués se seraient produits entre juillet et décembre 1996.

La présumée victime, qui est aujourd’hui dans la quarantaine, a raconté que l’accusé l’avait embauché pour passer le balai les samedis matin à l’usine de l’entreprise Portes & Fenêtres Isothermic de Thetford Mines. Dès sa première journée de travail, Reynaud Fortier l’aurait fait asseoir sur lui pendant qu’il comptait de l’argent et il lui aurait mis la main dans ses pantalons pour lui caresser le pénis. Émotif durant son témoignage, le plaignant a affirmé que les gestes allégés étaient des « affaires [auxquelles] tu penses tout le temps ». Questionné par la procureure de la Couronne, Me Sonia Lapointe, sur son état d’esprit à cette époque, il a affirmé qu’il était mal à l’aise et qu’il ne savait pas comment réagir ou quoi faire.

Il a relaté un autre moment où il serait allé chez Reynaud Fortier après une invitation à tirer à la carabine et à faire du 4 roues. Alors qu’ils étaient tous les deux assis sur le VTT, l’accusé lui aurait mis la main dans les pantalons en faisant des mouvements de va-et-vient, ce qui aurait excité la présumée victime. 

Reynaud Fortier lui aurait fait des promesses d’activités et de cadeaux. Il lui aurait notamment payé une chaîne stéréo au coût de 400 $. Une seule fois l’accusé lui aurait parlé des gestes allégués afin de savoir s’il en avait discuté avec quelqu’un. Son travail à l’usine se serait terminé après que sa mère ait appris que l’homme d’affaires « aimait bien les p’tits gars ».

Il a raconté qu’au cours des années, il a consulté pour des dépressions. Il avait appris, par l’entremise du Courrier Frontenac, que Reynaud Fortier avait été arrêté en 2013. Ce dernier avait plaidé coupable à des accusations d’attentat à la pudeur et de grossière indécence à l’endroit d’un garçon d’âge mineur pour des événements remontant au début des années 1980. Il avait été condamné à neuf mois de prison.

Le plaignant avait déjà parlé avec sa mère par le passé de la possibilité de porter plainte à la police, mais il ne se sentait pas prêt. C’est en 2021, lors d’une conversation avec un avocat qu’il connaissait, qu’il a décidé d’entamer une poursuite civile et c’est en 2022 qu’il aurait porté plainte à la police. 

En contre-interrogatoire, l’avocat de la défense, Me Jean-Félix Charbonneau, est revenu sur ses déclarations faites lors du dépôt de sa mise en demeure, de sa plainte à la police et de l’enquête préliminaire. Il l’a également questionné sur ses souvenirs des lieux et des circonstances dans lesquelles les gestes auraient été commis. 

D’autres témoins ont été entendus au cours du procès, dont la mère de la présumée victime. 

PLAIDOIRIES

Lors des plaidoiries, Me Charbonneau a avancé que tout était flou dans le témoignage de la présumée victime. Il a indiqué que certains de ses souvenirs étaient précis, alors que d’autres non, ceux-ci évoluant au fil des procédures, notamment par rapport à la période des gestes allégués. Selon lui, les témoins présentés par la défense sont venus contredire plusieurs éléments de la poursuite. Il a soutenu qu’une sorte de connivence entre le plaignant, sa mère et sa sœur est venue affecter la crédibilité de la démarche. 

Me Lapointe a soutenu pour sa part qu’elle ne pense pas qu’il y ait eu collusion entre le plaignant, sa mère et sa sœur avant leurs témoignages, précisant que ce qu’elle retenait de la preuve est qu’ils n’ont pas discuté des gestes allégués, mais plutôt de certaines choses périphériques à la cause. Elle a mentionné que la présumée victime n’a pas de raison de mentir et que malgré qu’il y ait des flous dans son témoignage, elle sentait un réel souci de dire la vérité. D’après elle, il n’est pas incohérent que certains souvenirs lui soient revenus au cours des procédures alors qu’il se remémorait les événements.

Le juge Jean-Philippe Sylvain a pris la cause en délibéré et devrait rendre sa décision le 12 juillet prochain.