53% des jeunes ne parlent que le français au travail, selon des données de l’OQLF

MONTRÉAL — Au Québec, 53 % des jeunes de 18 à 34 ans parlent uniquement le français sur leur lieu de travail, selon des données diffusées jeudi par l’Office québécois de la langue française (OQLF). Toutefois, cette proportion baisse à Montréal et à Gatineau, où les travailleurs doivent plus souvent offrir un service en anglais. 

L’OQLF a sondé 6008 jeunes entre février et avril 2021 pour réaliser cette étude. Dans l’ensemble de la province, 38 % des 18 à 34 ans sondés disent utiliser régulièrement le français et l’anglais au travail. 

Le portrait diffère cependant à Montréal et à Gatineau, où travailler dans les deux langues est plus fréquent. La moitié des jeunes, à Montréal, disent utiliser régulièrement le français et l’anglais au travail. Dans la métropole, 36 % des travailleurs ont affirmé ne travailler régulièrement qu’en français, et 10 % qu’en anglais. 

La situation est similaire à Gatineau, en Outaouais, où 39 % des répondants ont dit travailler qu’en français, 49 % en français et en anglais, ainsi que 11 % qu’en anglais. 

«Ça a toujours été un élément important pour la clientèle de bien connaître l’anglais du fait de la proximité avec la frontière avec l’Ontario. Ici, beaucoup d’offres d’emplois exigent le bilinguisme», affirme en entrevue Véronique Bernier, coordonnatrice aux communications et au développement du Carrefour jeunesse emploi de l’Outaouais. 

La recherche d’emploi s’avère donc compliquée pour les jeunes unilingues francophones, précise Mme Bernier. 

«Au niveau des pratiques discriminatoires, les employeurs vont souvent marquer: anglais un atout. (…) Sauf que dans la vraie vie, quand c’est l’entrevue qui débute, là ce n’est pas un atout l’anglais, ça devient obligatoire», raconte-t-elle, disant que des jeunes se sont vus disqualifiés d’un poste pour cette raison. 

Le Carrefour jeunesse emploi de l’Outaouais recommande donc aux travailleurs unilingues francophones de rechercher un emploi à Gatineau en dehors du secteur d’Aylmer, où l’anglais prédomine. Véronique Bernier souligne toutefois que plusieurs jeunes sont «habiles» en anglais en raison de la proximité de la municipalité avec l’Ontario. 

La coordonnatrice aux communications indique aussi que les jeunes victimes de pratiques discriminatoires n’ont pas nécessairement envie de porter plainte, et concentrent plutôt leurs efforts dans la recherche d’un emploi où ils pourront parler français. 

Selon Suzanne Lachance, adjointe administrative au Carrefour jeunesse emploi de Rivière-des-Prairies, un jeune Montréalais unilingue francophone va «avoir de la misère» à trouver un emploi s’il ne parle pas anglais. Elle précise que certains domaines, comme le secrétariat, exigent souvent que les candidats postulant à un emploi parlent anglais. 

La majorité des jeunes préfèrent travailler en français

L’étude de l’OQLF dévoile toutefois que 66 % des 18 à 34 ans préfèrent travailler en français. Au contraire, 11 % d’entre eux préfèrent travailler en anglais. 

Le document précise que la proportion de travailleurs pour qui le français est la seule langue parlée au travail varie entre 62 % et 69 % dans les régions métropolitaines de recensement (RMR) de Québec, de Trois-Rivières et de Sherbrooke. Dans la RMR de Saguenay, 73 % des jeunes travailleurs utilisent principalement le français au travail. 

La scolarité des travailleurs a aussi un impact sur la langue dans laquelle ils exercent leurs fonctions professionnelles, selon l’OQLF. 

«Les francophones ayant obtenu un diplôme d’études postsecondaires d’un établissement québécois de langue française étaient proportionnellement plus nombreux à préférer travailler en français (80 %) que ceux ayant obtenu leur diplôme d’un établissement québécois de langue anglaise (40 %)», peut-on lire dans l’étude de l’organisation. 

En ce qui concerne la population allophone, composée des personnes qui parlent le plus souvent une autre langue que le français ou l’anglais à la maison, les trois quarts de ceux ayant obtenu un diplôme dans un établissement québécois francophone ont affirmé utiliser le français le plus souvent au travail. Parmi ceux qui ont étudié en anglais, 24 % affirment employer le français le plus fréquemment.