Blair dit que la cible de 2% du PIB pour la défense est victime du coût de la vie

OTTAWA — Le ministre de la Défense, Bill Blair, soutient qu’il est difficile de convaincre ses collègues du cabinet et les Canadiens en général que l’atteinte des cibles de dépenses de l’OTAN constitue un objectif louable, car «personne ne sait ce que ça veut dire» concrètement.

Le ministre explique qu’il a plutôt tenté de faire valoir que le Canada devait faire davantage pour se défendre – et que ça coûtera plus cher.

Tous les alliés de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), y compris le Canada, ont convenu de consacrer au moins 2 % de leur PIB à la défense. Or, le Canada est actuellement à environ 1,33 % de son PIB, selon les estimations de l’Alliance atlantique.

S’exprimant mercredi lors d’une conférence sur la modernisation du Norad, à Ottawa, le ministre Blair a déclaré qu’il avait insisté pour obtenir davantage depuis qu’il a hérité du portefeuille de la Défense l’été dernier. «J’ai dû continuer à insister sur l’importance et la nécessité d’investir dans la défense», a-t-il déclaré.

Mais les questions d’inflation et de coût de la vie pour les Canadiens constituent une priorité pour le gouvernement, a-t-il déclaré, soulignant «l’environnement budgétaire actuel».

«Essayer de nous adresser au cabinet, ou même aux Canadiens, et leur dire que nous devions faire cela parce que nous devons atteindre ce seuil magique de 2 % (…) Ne vous méprenez pas: c’est important. Mais c’était très difficile de convaincre les gens que c’était un objectif louable, que c’était une cible noble que nous devions respecter.»

La nouvelle politique de défense présentée par M. Blair le mois dernier vise à atteindre 1,76 % du PIB d’ici 2030, soit un budget de 49,5 milliards $. Le budget du ministère de la Défense s’élevait à 26,9 milliards $ l’année dernière.

Les critiques ont souligné que le Canada demeure l’un des seuls alliés de l’OTAN qui ne disposent pas de plan pour atteindre cet objectif.

«Pas de grosse dispute au cabinet»

M. Blair a déclaré que les dépenses augmenteraient parce que certains éléments de la politique, notamment l’engagement d’explorer les options d’acquisition de nouveaux sous-marins pour la Marine royale canadienne, n’ont pas encore été chiffrés. 

«Je ne pouvais pas présenter un argument de politique de défense pour atteindre cet objectif de 2 %, a déclaré le ministre Blair lors de la conférence. Au lieu de cela, nous avons décidé de faire valoir la nécessité de défendre ce pays et la nécessité d’investir dans les Forces armées canadiennes.»

Le cabinet du ministre Blair a plus tard ajouté dans une déclaration écrite que le gouvernement restait attaché à l’objectif de l’OTAN. Et le ministre lui-même a téléphoné plus tard pour offrir des éclaircissements supplémentaires.

«Tout d’abord, je n’ai pas eu de grosse dispute avec le cabinet, a-t-il précisé en entrevue. Mon travail consiste notamment à m’adresser au cabinet et à faire valoir mes arguments. Je n’ai pas essayé de présenter mes arguments sur la base d’une feuille de calcul Excel: j’ai essayé de présenter mes arguments en me basant sur l’environnement de menace émergent et le travail que nous devions faire pour remplir nos obligations envers les Canadiens.»

Il a ajouté que «le public, les médias et les gouvernements étrangers» ont parlé des dépenses de défense du Canada en fonction de l’objectif de l’OTAN.

Le cabinet de M. Blair a déclaré qu’il «avait réussi à obtenir 73 milliards $ d’investissements» dans le cadre de la nouvelle Politique de défense du Canada, présentée le 8 avril. Ces dépenses s’étaleront sur 20 ans, avec 8,1 milliards $ alloués au cours des cinq premières années de la politique.