FIQ: une «bonne entente», malgré des «choix crève-coeur» qui ont dû être faits

MONTRÉAL — Malgré des «choix crève-coeur» qui ont dû être faits, la FIQ a négocié «une bonne entente» de principe, qui comporte des «avancées intéressantes», plaide sa présidente, Julie Bouchard.

En entrevue avec La Presse Canadienne mercredi, la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé a tenu à défendre cette entente de principe, alors que certains s’en déclarent insatisfaits dans les médias sociaux.

La FIQ recommande cette entente de principe à ses membres, obtenue après 15 mois de négociation et des journées de grève.

Mme Bouchard cite plusieurs gains, parmi lesquels le début de travaux pour implanter des ratios infirmière/patients — une demande de la FIQ «depuis 10 ans».

Elle souligne aussi le fait d’avoir «réussi à faire reculer le gouvernement» sur les déplacements forcés d’infirmières. «Quelqu’un peut le faire de manière volontaire, mais l’employeur n’a pas le droit de l’imposer.»

Elle cite également un énoncé sur le TSO, le Temps supplémentaire obligatoire, contre lequel la FIQ se bat depuis des années. «On n’avait jamais eu aucun levier légal, dans la convention collective, pour nous permettre de rendre imputables les gestionnaires», explique Mme Bouchard.

«Cette fois-ci, il y a cette définition-là qui vient dire que sous aucun autre prétexte que pour une mesure urgente (et) exceptionnelle, les gestionnaires ne peuvent garder une professionnelle en soins en temps supplémentaire obligatoire. Ça peut paraître banal pour plusieurs personnes, mais pour nous, c’est un levier hyper important.»

Signe de l’ampleur du problème pour la FIQ et ses membres: pas moins de 30 000 griefs, individuels ou collectifs, ont été déposés à cause du TSO.

Parmi les autres gains, elle signale également des primes pour les Fêtes et l’été, où le recrutement de personnel est toujours plus difficile.

Elle note également une ouverture sur les heures supplémentaires à taux double durant les fins de semaine. 

Une concession «crève-coeur»

Elle admet que la FIQ a dû faire des compromis, comme c’est le cas pour toute négociation.

«Là où on a dû faire cette concession-là vraiment crève-coeur; il a vraiment fallu se piler sur le dos pour  pouvoir ouvrir là-dessus, c’était sur le centre d’activités. Et pour nous, c’était le moindre mal.»

Elle explique qu’avec la création de Santé Québec, qui deviendra l’employeur unique dans le réseau, les conventions collectives locales devront être renégociées. «On a été baliser, au niveau du centre d’activités, sur les fusions de centres d’activités, jusqu’où l’employeur peut aller. On est allé s’assurer que l’enjeu de la formation était prioritaire.»

De telles fusions de centres d’activités étaient déjà possibles. «Ce qu’on est venu ajouter pour baliser», c’est qu’avant que la professionnelle en soins se retrouve dans un centre d’activités fusionné, «elle se doit d’avoir eu l’ensemble de la formation requise», afin qu’elle ne soit «pas garrochée sur le centre d’activités sans avoir eu rien au préalable», explique Mme Bouchard.

Gérer les gestionnaires

Interrogée au sujet des critiques adressées par certains de ses membres, sceptiques face aux mesures pour resserrer le recours au TSO ou les déplacements volontaires, Mme Bouchard les attribue au «lien de confiance extrêmement brisé avec les années», à cause des gestionnaires du réseau de la santé.

«Il faut que le gouvernement fasse une gestion de ses gestionnaires, jase avec ses gestionnaires, pour que ce qui a été négocié soit mis en application» dans les établissements de santé, plaide la dirigeante syndicale.

Les 80 000 membres de la FIQ seront appelées à voter les 10, 11 et 12 avril lors d’un vote référendaire. Entre-temps, le contenu de l’entente est disponible sur le site web de la FIQ. Et les membres pourront poser des questions lors des assemblées locales qui se tiendront d’ici là.

«La question à se poser, c’est: qu’est-ce qu’on va faire si on rejette l’entente de principe? On a fait la grève; on a fait plein de choses. Maintenant, on a une bonne entente de principe sur la table. Donc, l’autre question, c’est vraiment: on est prêtes à faire quoi pour aller obtenir peut-être quelque chose de différent?» conclut Mme Bouchard.