La Cour supérieure ordonne à McGill de respecter l’entente avec les «Mères mohawks»

MONTRÉAL — La Cour supérieure ordonne à l’Université McGill de se conformer au règlement conclu en avril avec les «Mères mohawks», qui prévoit notamment la recherche d’éventuelles tombes anonymes sur le site de l’ancien hôpital Royal Victoria, à Montréal.

Le regroupement des «Mères mohawks» a fait valoir que McGill et la Société québécoise des infrastructures n’avaient pas su impliquer adéquatement le groupe d’archéologues mandatés pour superviser la recherche de tombes sur les terrains du «Royal Vic», site du futur agrandissement du campus de l’université, sur le flanc sud du mont Royal.

Or, la participation de ce groupe d’experts était un élément central d’un règlement à l’amiable conclu en avril dernier entre les promoteurs et les femmes autochtones qui tentaient d’interrompre tout le chantier par crainte que les travaux ne profanent des restes humains enterrés sur le site.

Dans sa décision, rendue lundi, le juge Gregory Moore, de la Cour supérieure, rejette l’argument de McGill selon lequel le mandat du comité d’experts avait pris fin en juillet. 

Le juge ordonne donc à l’université et à la Société québécoise des infrastructures (SQI), une agence du gouvernement du Québec, de se conformer aux recommandations des archéologues mandatés sur la manière dont les recherches devraient se dérouler sur le site.

Le juge Moore a toutefois refusé la demande des «Mères mohawks» de suspendre les travaux d’excavation sur le site, jugeant cette mesure inutile.

De sinistres expériences de «contrôle mental» ont eu lieu dans les années 1950 et 1960, pour le compte de la CIA, à l’institut psychiatrique Allan-Memorial, affilié au Royal Vic. Les «Mères mohawks» affirment que des survivants de ces traitements ont suggéré que les dépouilles de patients pourraient être enterrées sur le site du Royal Vic.

Le groupe a déclaré dans un communiqué que les promoteurs n’avaient pas respecté plusieurs recommandations des archéologues mandatés — notamment que les résultats des recherches de radars à pénétration de sol devaient être partagés et examinés.

«Depuis que McGill et (la SQI) ont limogé le groupe d’experts, nous n’avions aucun moyen de suivre et de faire confiance aux résultats de l’enquête, qui était désormais contrôlée par les auteurs de crimes contre nos enfants», lit-on dans le communiqué des femmes autochtones. «Le but du règlement à l’amiable [d’avril dernier] était de permettre aux experts de faire leur travail, et nous avons été trahies.»

Dans un communiqué, l’université McGill affirme qu’elle étudiera la décision du juge Moore et qu’elle fera le point «en temps voulu».