La moitié des Canadiens ont une opinion négative du budget libéral, selon un sondage

OTTAWA — Un nouveau sondage montre que les libéraux n’ont pas convaincu les électeurs avec leur dernier budget, même si leur projet de construire des millions de logements bénéficie d’un large soutien populaire.

Un peu moins de la moitié des répondants au dernier sondage Léger ont déclaré avoir une opinion négative du budget fédéral présenté mardi de la semaine dernière.

Seulement 21 % ont dit avoir une opinion positive et un tiers des personnes interrogées ont affirmé ne pas savoir ou ont préféré ne pas répondre.

Pourtant, 65 % des gens ont indiqué que le projet de dépenser 8,5 milliards $ pour construire 3,9 millions de logements d’ici 2031 est bon pour le pays.

Les libéraux ont fait une série d’annonces dans les semaines ayant précédé le budget, en mettant fortement l’accent sur les mesures en matière de logement.

Questionné sur les réactions à l’égard du budget lors d’une conférence de presse mercredi, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que son gouvernement se concentrait sur «l’équité pour chaque génération».

«Je suis convaincu qu’à mesure que les Canadiens verront ces mesures mises en œuvre, ils commenceront à être plus optimistes à l’égard de notre économie», a-t-il soutenu.

Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh a dit comprendre pourquoi les Canadiens sont réticents à faire confiance aux libéraux.

«Ils ont raison parce que le gouvernement libéral a eu neuf ans pour répondre aux besoins des gens. Et après neuf ans, la situation est pire que jamais», a-t-il déclaré en point de presse à Edmonton, en Alberta.

M. Singh n’a toujours pas indiqué si ses troupes appuieront les libéraux pour faire adopter le budget, réitérant mercredi qu’aucune décision n’a encore été prise. Comme le veut la tradition, ce vote sera un vote de confiance envers le gouvernement.

«Je comprends les inquiétudes des gens qui ne croient pas que les libéraux et Justin Trudeau peuvent répondre (à leurs) besoins. On est là pour continuer d’utiliser notre pouvoir pour aider les gens», a-t-il conclu.

Le sondage Léger, réalisé le week-end dernier auprès de 1522 Canadiens, ne peut comporter aucune marge d’erreur, car les sondages en ligne ne sont pas considérés comme des échantillons véritablement aléatoires.

Les Albertains sont les plus critiques: 42 % ont dit avoir une impression très négative, comparativement à 25 % dans l’ensemble du pays. Au Québec, ce taux atteint 20 %. 

Dans tout le Canada, plus de la moitié des personnes interrogées se sont déclarées favorables aux projets du gouvernement de dépenser davantage dans l’efficacité énergétique, la défense nationale et l’exonération des prêts étudiants pour les travailleurs de la santé et de l’éducation.

De plus, 56 % pensent que l’augmentation du taux d’inclusion de l’impôt sur les gains en capital – une mesure qui devrait générer 19,4 milliards $ supplémentaires de revenus au cours des quatre prochaines années – est une bonne chose.

Les libéraux considèrent que ce changement est essentiel à leur plan visant à améliorer l’équité générationnelle en taxant les ultrariches.

Cette mesure a suscité des critiques, notamment de la part de l’Association médicale canadienne, qui a averti mardi que cela pourrait affecter la capacité du pays à recruter et à conserver des médecins.

Le budget propose de rendre imposables les deux tiers des gains en capital – les bénéfices réalisés sur la vente d’actifs – plutôt que la moitié. Pour les particuliers, cela s’appliquerait aux bénéfices supérieurs à 250 000 $, mais il n’y a pas de seuil inférieur pour les entreprises.

Selon l’Association médicale canadienne, de nombreux médecins seront confrontés à des impôts plus élevés parce qu’ils ont décidé d’incorporer leur cabinet et ont utilisé ces sociétés pour épargner en vue de leur retraite.

Alors que les libéraux ont annoncé des changements à l’impôt sur les gains en capital pour les jeunes Canadiens, y compris les millénariaux et ceux de la génération Z, le sondage Léger a révélé qu’ils ont le soutien de 60 % des répondants de plus de 55 ans – le plus élevé parmi tous les groupes d’âge.

Les personnes âgées entre 18 et 35 ans sont celles qui appuient le moins le projet libéral de consacrer 73 milliards $ supplémentaires à la défense au cours des deux prochaines décennies. Seulement 45 % des personnes dans cette tranche d’âge estiment que l’augmentation des dépenses dans la défense nationale est une bonne chose pour le pays, contre 70 % des personnes de plus de 55 ans.

Léger a également posé des questions sur l’avenir financier du pays. Près de la moitié des gens, soit 47 %, ont déclaré vouloir voir le gouvernement réduire les dépenses et les différents programmes afin d’équilibrer le budget le plus rapidement possible.

Seulement 16 % croient que dépenser davantage et enregistrer d’importants déficits constitue le meilleur plan pour les cinq prochaines années, et 14 % souhaitent voir le gouvernement augmenter les impôts pour réduire les déficits.

– Avec des informations d’Émilie Bergeron