Labrie : «Je vais continuer de dire qu’il y a des femmes qui se sentent exploitées»

QUÉBEC — La députée solidaire Christine Labrie compte bien continuer de parler de l’exploitation des travailleuses du secteur public au Salon bleu, même si la présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, a ajouté les mots «exploiter les femmes» à la liste des propos non parlementaires. 

«La présidente peut prendre les décisions qu’elle veut, mais ça ne règle rien à la situation que nos écoles ne fonctionnent qu’exclusivement  parce qu’il y a des femmes qui travaillent de manière non rémunérée», a lancé Mme Labrie en mêlée de presse à l’Assemblée nationale, mardi. 

La députée solidaire ne pense pas être victime de censure. «Je vais continuer de dire qu’il y a des femmes qui se sentent exploitées quand elles travaillent dans les services publics», a-t-elle poursuivi. 

La semaine dernière Christine Labrie a provoqué de vives réactions au Salon bleu, en affirmant que les «trois quarts des personnes qui travaillent dans nos services publics, ce sont des femmes. Pourquoi la CAQ persiste à les exploiter?» Elle s’est ensuite coltaillée avec la présidente de l’Assemblée nationale qui lui a demandé à deux reprises de retirer ses propos. 

«Ce n’était pas un coup d’éclat, c’était une députée qui parle avec son cœur de la condition des femmes au Québec», a soutenu le chef parlementaire de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois, en point de presse mardi pour défendre sa collègue. 

«Je comprends que la CAQ n’ait pas aimé entendre ça. (…) Si la CAQ trouve le mot « exploitation » exagéré, c’est son problème. Ce n’est pas acceptable comme situation et ce que ma collègue Christine Labrie a fait, c’est de nommer ce vécu-là», a-t-il ajouté. 

Précisons que les mots jugés non parlementaires ne sont pas totalement interdits au Salon bleu. «La présidence a toute la latitude pour interpréter et qualifier les propos tenus par un.e député.e eu égard aux circonstances. Il n’y a pas de critères absolus. Le jugement de la présidence dépend de la nature des propos et du contexte dans lequel ils ont été prononcés», a indiqué la porte-parole de l’Assemblée, Béatrice Zacharie, par courriel vendredi. 

«Quant aux propos tenus par la députée de Sherbrooke […], c’est l’affirmation à l’effet que le gouvernement exploite les femmes dont la présidence a exigé le retrait», a-t-elle ajouté.

L’Assemblée nationale interdit notamment à un élu d’imputer des motifs indignes à un collègue, d’utiliser un langage violent, d’adresser des menaces ou de tenir des propos séditieux.