Le PLC présente ses excuses au président Fergus pour l’avoir mis dans l’embarras

OTTAWA — Le Parti libéral du Canada a présenté ses excuses auprès du président de la Chambre des communes, Greg Fergus, qui a été mis dans l’embarras au sujet d’une invitation à un événement au langage partisan.

Dans une lettre adressée à M. Fergus, mardi, le directeur national du Parti libéral du Canada, Azam Ishmael, affirme que le langage partisan contenu dans l’invitation à l’événement a été ajouté à l’insu du président.

«Le Parti libéral du Canada s’excuse catégoriquement pour cette erreur et nous en prenons l’entière responsabilité», peut-on lire dans la lettre, qui a également été publiée sur le réseau social X.

Les conservateurs ont reproché à M. Fergus d’organiser un événement partisan où, dès le message d’invitation, il attaquait leur chef Pierre Poilievre.

L’événement qui porte le titre anglais «A summer evening with the honourable Greg Fergus» (Une soirée d’été avec l’honorable Greg Fergus) est prévu dans une salle de Gatineau, sur le bord de la rivière des Outaouais à proximité du parlement le 4 juin dès 18 h 30.

L’invitation initiale publiée sur le site du Parti libéral du Canada, qui a été remplacée depuis, s’en prenait à «Pierre Poilievre et les conservateurs» dont les «politiques imprudentes» sont susceptibles de «nuire à notre santé, à notre sécurité et à notre portefeuille».

Elle vantait le «plan audacieux» de «notre équipe libérale» qui vise à «rendre la vie plus abordable pour les Canadiens» en faisant croître l’économie et en protégeant l’environnement.

Furieux, les conservateurs ont reproché mardi au président Fergus de démontrer à nouveau du «mépris» pour la neutralité que requiert son rôle.

En se levant sur une question de privilège demandant une élection à la présidence, leur whip adjoint, Chris Warkentin, a dénoncé les attaques «partisanes incendiaires» contre M. Poilievre et le Parti conservateur utilisées dans le matériel promotionnel de l’événement.

Les conservateurs de M. Poilievre réclament depuis des mois la démission du président Fergus entre autres parce qu’ils ne digèrent pas qu’il ait expulsé leur chef de la Chambre des communes pour une journée en raison de ses refus répétés de simplement retirer ses propos traitant le premier ministre Justin Trudeau de «cinglé».

Appelé à réagir, le cabinet du président Fergus a affirmé que l’événement est «un BBQ communautaire» qui est organisé par l’Association libérale fédérale de la circonscription de Hull-Aylmer, «soit l’équipe qui s’activera pour faire réélire monsieur Fergus dans sa circonscription lors des prochaines élections».

«Le bureau du président Fergus avait discuté de cet événement avec le greffier de la Chambre des communes, qui n’a émis aucune inquiétude, comme l’événement a lieu dans la circonscription de monsieur Fergus, ce qui est tout à fait permis et acceptable», a écrit son porte-parole Mathieu Gravel.

M. Gravel avait d’ailleurs affirmé plus tôt dans la journée que l’association ignorait que le parti annoncerait l’événement sur son site et que le «texte générique» qui y était inscrit «n’avait pas été approuvé» par l’équipe du président Fergus.

La page dédiée à l’événement précise que les événements sont publiés par les équipes bénévoles locales.

Le texte qui avait été transmis aux membres de l’association par courriel, et que La Presse Canadienne a pu consulter, n’était pas de nature partisane.

Motion de censure

Les conservateurs ont déclaré que si M. Fergus ne démissionne pas, il devrait faire l’objet d’une motion de censure. Or, leur porte-parole Marion Ringuette a ignoré les questions de La Presse Canadienne demandant si son parti entend déposer une telle motion.

Le nœud du problème, pour les conservateurs, est vraisemblablement que M. Fergus a, du moins jusqu’à présent, non seulement l’appui des libéraux, mais également celui du Nouveau Parti démocratique (NPD), ce qui lui confère suffisamment de votes pour continuer d’occuper son poste si la question est posée.

Comme par le passé, le chef du NPD, Jagmeet Singh, a réitéré sa confiance envers le président et affirmé que le chef conservateur ne fait que se plaindre «parce qu’il ne veut pas suivre les règles de la Chambre des communes».

Son leader parlementaire, Peter Julian, a raconté s’être entretenu avec M. Fergus et qu’il a appris que le Parti libéral à publié «à son insu» un texte «complètement différent» de celui qui avait été soumis. Il recommandait d’ailleurs au directeur national du parti de s’excuser auprès du président, chose qui a été faite presque au même moment.

Sans surprise, le chef libéral et premier ministre Justin Trudeau a déclaré que les nouveaux événements n’influencent «pas du tout» sa confiance en M. Fergus, comme président de la Chambre. «C’était une erreur malheureuse», a-t-il affirmé lors d’un point de presse à Philadelphie, aux États-Unis.

Pour le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, les événements révélés mardi ne constituent qu’un «exemple supplémentaire» que M. Fergus est incapable «de la retenue et du recul que commande sa fonction».

«Il y a une différence entre faire une levée de fonds dans ton comté et lancer une charge contre des adversaires politiques. Je pense que la nuance est là, a-t-il dit. Je pense que d’autres présidents ont surmonté cette épreuve difficile par le passé de ne pas se mettre le doigt dans l’engrenage partisan tout en faisant un minimum d’animation politique.»

Lors des épisodes précédents, M. Fergus s’était fait reprocher d’avoir participé à un événement partisan après avoir été élu président, mais aussi d’avoir pris part dans son accoutrement de président et dans son bureau à une vidéo pour féliciter un ami, enregistrement qui a été présenté à un congrès du Parti libéral de l’Ontario.