Le Québec veut une immigration 100 % francophone ou francotrope, précise Fréchette

QUÉBEC — Le Québec voudra sélectionner à l’avenir une immigration 100 % francophone ou francotrope, a précisé mercredi la ministre de l’Immigration, Christine Fréchette.

Les francotropes peuvent avoir comme langue maternelle l’arabe, le vietnamien, le laotien, le créole, le catalan, le portugais, le roumain, l’espagnol ou le swahili.

Selon la définition consacrée, un francotrope est une personne dont la langue maternelle n’est pas le français, mais qui est issue d’une culture ou d’une région ayant des affinités avec cette langue.

Mme Fréchette est ainsi venue nuancer les propos du premier ministre François Legault, qui, la veille, affirmait vouloir sélectionner 100 % d’immigrants francophones d’ici 2026.

«On va orienter nos mesures de recrutement en fonction de la connaissance du fait français, en fonction du fait que les pays seront francotropes», a déclaré la ministre en mêlée de presse.

«J’aimerais ajouter qu’il (…) y a plus de 320 millions de locuteurs francophones de par le monde. Je ne peux pas croire que parmi ces 320 millions, (…) qu’il n’y en a pas suffisamment qui correspondent aux besoins, aux profils.»

Le chef intérimaire du Parti libéral du Québec, Marc Tanguay, a réagi mercredi en disant qu’il ne fallait pas «se priver de talents des personnes, des femmes et des hommes qui veulent venir au Québec apprendre le français».

Fitzgibbon veut des exceptions

Le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a pour sa part déclaré qu’il s’attendait à ce qu’il y ait des «exceptions» pour certaines entreprises.

«Ça serait le « fun » d’avoir 100 % (de nouveaux arrivants francophones). Mais il faut être réaliste et balancer ça avec les besoins», a lancé M. Fitzgibbon à l’entrée du conseil des ministres.

Il a donné l’exemple du producteur d’acier POSCO, qui s’installera à Bécancour et qui aura besoin d’experts sud-coréens.

«Évidemment, il n’y a pas beaucoup de Sud-Coréens qui parlent français. Il faut accepter ça, a-t-il affirmé en mêlée de presse. Il faut se servir de notre jugement.»

«Il faut faire des exceptions. Il faut faire attention de mettre des règles générales, a-t-il ajouté. Chaque cas est différent. Il faudrait regarder avec les expertises qui ne sont pas dans les pays francophones.»