Les citoyens menacés par crainte d’une rupture de la digue Morier devront attendre

Les autorités n’ont toujours aucune idée du moment où les quelque 700 résidants évacués de Chute-Saint-Philippe, Lac-des-Écorces et Lac-Saguay, dans les Laurentides, pourront réintégrer leurs domiciles.

Des travaux urgents sont sur le point de s’amorcer afin de sécuriser la digue Morier, qui menace de céder et dont la rupture aurait des conséquences dévastatrices dans le secteur, autant pour les bâtiments que pour les routes.

Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a fait le point mardi à Mont-Laurier, en compagnie d’élus régionaux et d’experts. «La première chose qui est importante pour nous, c’était de sécuriser ces personnes évacuées, que les opérations de coordination se fassent très très bien. C’est impossible de dire aux gens ce matin, « vous allez retrouver votre demeure dans quatre jours, cinq jours, sept jours ». Ce serait inadéquat de fixer une date», a déclaré le ministre.

M. Bonnardel a précisé quela plupart des personnes évacuées se trouvent chez des parents ou amis, alors qu’environ 145 d’entre elles sont à l’hôtel ou dans des auberges de la région. Il a promis une aide gouvernementale pour les personnes chassées préventivement, assurant que le processus de réclamation serait mis en place à très court terme. 

Quant aux municipalités qui doivent gérer la crise, «toutes les dépenses extraordinaires de ces villes seront prises sous le chapeau du ministère de la Sécurité publique», a-t-il ajouté.

À ses côtés, Martin Ferland, de la Direction générale des barrages au ministère de l’Environnement, a expliqué qu’un chemin d’accès permettant à la machinerie lourde de se rendre au barrage avait été complété lundi. Mercredi, un filtre inversé doit être installé au pied de la digue, où des fuites ont été constatées. 

L’objectif à moyen terme, a-t-il expliqué, est d’installer une berme, soit un renfort au pied de la digue, à l’aval, pour sécuriser celle-ci. «On parle de travaux qui pourraient débuter vers la fin de la semaine, début de la semaine prochaine. Il s’agit de venir ajouter du poids à l’aval de notre ouvrage pour venir stabiliser le barrage.»

L’expert a précisé que l’installation de ce genre d’ouvrage est monnaie courante, mais qu’il faut d’abord en faire les plans. «Ce sont des travaux qui sont habituels. Venir renforcer un ouvrage à partir d’une berme, ce n’est pas nouveau. Il y a de la littérature là-dessus.» 

En parallèle, on travaille à abaisser le niveau de l’eau en l’évacuant par le Lac des Écorces, afin de réduire la pression.

Martin Ferland a expliqué que le ministère réalise des études de bris de barrage pour tous lesouvrages de ce type. Dans le cas de la digue Morier, une défaillance ne mènerait pas à la destruction d’un village complet, mais causerait quand même des dommages considérables. 

«Il n’y aurait pas de villes anéanties, mais quand même des zones importantes qui seraient inondées. (…) C’est très varié le genre d’infrastructures qui pourraient être affectées; des maisons, des bâtiments de toutes sortes, des routes et il pourrait y avoir des glissements de terrain.»

De son côté, François Bonnardel a précisé que dans le pire des cas, si la digue devait céder, une douzaine de villages pourraient être affectés. «Si on avait à évacuer de façon plus importante, on pourrait parler de 2000 bâtiments additionnels qui pourraient être touchés.»

Pour ces raisons, les citoyens évacués ne pourront pas rentrer chez eux aussi longtemps que la situation sera critique, comme c’est le cas actuellement.

Selon le site web du ministère de l’Environnement du Québec, la digue Morier a été construite en 1954. Elle a une superficie de 4248 hectares et a une capacité de retenue de 382 000 000 mètres cubes, soit l’équivalent de plus de 100 000 piscines olympiques.

«C’est une digue qu’on surveille. À tous les mois il y a un ingénieur qui fait des inspections et c’est un phénomène qui peut apparaître du jour au lendemain», a dit M. Ferland.