Les efforts du SPVM pour lutter contre la violence armée portent leurs fruits

MONTRÉAL — Les nouvelles mesures de lutte à la violence armée à Montréal semblent porter leurs fruits. Selon les plus récents chiffres dévoilés jeudi par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), les décharges d’arme à feu, les tentatives de meurtre et les homicides impliquant des armes à feu sont en baisse de 30 % par rapport à la première moitié de 2022.

Entre le 1er janvier et le 31 mai dernier, le SPVM a comptabilisé 40 événements où au moins un coup de feu a été tiré, contre 58 durant la même période l’année dernière. 

Durant les cinq premiers mois de 2023, trois meurtres et 16 tentatives de meurtre à l’aide d’une arme à feu ont été recensés dans la métropole; en 2022 à pareille date, 20 tentatives de meurtre et six homicides avaient eu lieu, a indiqué le directeur du SPVM, Fady Dagher.

Les saisies d’armes à feu ont quant à elles augmenté; depuis le début de l’année, 367 armes à feu ont été saisies par les forces de l’ordre montréalaises, soit 107 de plus qu’à la même date en 2022. Il s’agit principalement d’armes de poing et d’armes semi-automatiques, a précisé M. Dagher.

Les arrestations sont toutefois en légère baisse, passant de 131 dans les premiers mois de 2022 à 120 cette année.

Ces avancées sont en grande partie attribuables à la nouvelle stratégie de lutte contre la violence armée du SPVM, qui mise entre autres sur des équipes multidisciplinaires et sur la prévention appelées «collectifs», a fait savoir M. Dagher lors d’un point de presse tenu au quartier général du corps de police.

«Ces collectifs sont composés d’experts policiers et civils, de patrouilleurs, de gens du renseignement et d’autres de la prévention, a expliqué l’inspecteur David Shane, responsable des communications au SPVM. Notre mission est d’empêcher que des coups de feu soient tirés et sortir les jeunes du milieu de la violence.»

Plusieurs actions sont mises en place dans les rues de Montréal, mais on note que le corps policier choisit d’intervenir auprès des criminels qui s’arment en parallèle à d’autres activités illicites.

«Par exemple, si un criminel fait de la fraude et qu’il s’arme pour se protéger, on va se concentrer sur lui et intervenir sur le volet de la fraude», a illustré M. Dagher.

«Le ciblage de certains individus, leur arrestation et leur incarcération sont les clés pour diminuer la violence par arme à feu», a-t-il ajouté.

Ce travail de ciblage et de sensibilisation, qui s’accompagne parfois de référencement à des organismes communautaires, repose aussi sur les bonnes relations qu’entretient le corps de police avec ses partenaires.

«La police ne peut pas et ne va pas régler à elle seule la problématique de la violence armée, a prévenu M. Dagher. Combattre la culture de banalisation de la violence et des armes à feu doit être une responsabilité partagée.»

La prudence reste de mise

Le chef Dagher ne crie toutefois pas victoire et préfère demeurer prudent avant de qualifier de succès cette nouvelle approche.

«Les collectifs ont été mis en action dès le mois d’avril, et les frappes du 5 et du 26 avril ont donné le ton pour l’été à venir. Ce sont des résultats positifs, mais attendons de voir dans quelques mois si ça continue dans cette veine», a-t-il indiqué.

«On peut avoir des surprises durant l’été; il n’est pas exclu que des vengeances se préparent au niveau du crime organisé», a-t-il ensuite précisé, ajoutant que Montréal demeurait tout de même sécuritaire pour les citoyens. 

«On va continuer notre ciblage, on va être visibles et on va travailler sur la prévention.»

Jeunes contrevenants

Le jeune âge des individus armés appréhendés par le SPVM au cours des derniers mois inquiète particulièrement M. Dagher.

«Certains des contrevenants qu’on a arrêtés sont des (délinquants) juvéniles, a-t-il témoigné. On parle entre 16 et 30 ans. »

La possession et l’utilisation d’armes à feu sont banalisées chez certains adolescents, a déploré le policier d’expérience­, ce qui nécessite des efforts supplémentaires en prévention.

«On peut travailler à court terme en arrêtant les jeunes qui sont armés, mais le SPVM doit penser à long terme, qu’on prépare la prochaine génération pour qu’elle ne tombe pas dans la violence», a-t-il affirmé.

En ce sens, le service a instauré en décembre dernier un programme de sensibilisation sous la forme d’équipes multidisciplinaires d’intervention dans les écoles (EMIE), qui ont depuis réalisé plus de 210 interventions, en se déplaçant notamment au moins 175 fois dans les établissements scolaires de la métropole, a précisé l’inspecteur David Shane.

«Nous avons aussi développé l’Unité sans violence Exprimez-vous auprès des jeunes de 5e et 6e année, où on les invite à adopter des comportements non violents et à dénoncer lorsqu’ils sont témoins ou victimes de violence», ajoute le responsable des communications.

———

Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.