Prenez votre mal en patience: Québec prévoit des délais dans les services de santé

MONTRÉAL — Alors que les taux d’occupation et les délais d’attente dans les urgences du Québec atteignent déjà des niveaux élevés, Québec prévient que la situation pourrait perdurer au cours des prochaines semaines. On prévoit même de l’engorgement dans les autres options de première ligne.

Dans un communiqué publié mardi matin, le ministère de la Santé et des Services sociaux explique l’état des lieux par la circulation des virus respiratoires ainsi que par les moyens de pression exercés par les syndicats de la fonction publique.

Mardi, le tableau de bord du gouvernement indiquait que 4064 patients se trouvaient dans les urgences du réseau et que parmi eux 1025 patients attendaient de voir un médecin. La durée moyenne du délai dans la salle d’attente s’élevait à 4 h45 alors que la durée moyenne du temps passé sur civière s’élevait à 19h30.

Dans les établissements de l’Hôpital Douglas, de l’Hôpital Pierre-Le Gardeur, de l’Hôpital de Lanaudière, de l’Hôpital Barrie Memorial et de l’Hôpital de Mont-Laurier, le taux d’occupation des urgences dépassait le seuil des 200 %. D’autres établissements s’approchaient très près de ce même seuil, soit l’Hôpital Anna-Laberge, l’Hôpital du Suroît et l’Hôpital de Verdun.

En mêlée de presse à l’Assemblée nationale, le ministre Christian Dubé a confirmé le décès récent de deux patients qui se trouvaient en attente aux urgences de l’Hôpital Anna-Laberge. Il a offert ses condoléances aux proches des défunts et a révélé s’être lui-même rendu sur les lieux dimanche dernier.

«C’est complètement inacceptable qu’on vive ces situations-là dans les urgences du Québec», a-t-il commenté.

À la période des questions à l’Assemblée nationale, le premier ministre François Legault a été pressé de réagir par l’opposition officielle. Il a d’abord déclaré vouloir attendre les conclusions des enquêtes ouvertes par le coroner et le CISSS de la Montérégie-Ouest avant de se prononcer.

Puis, il s’est lancé dans une explication selon laquelle l’état des urgences serait lié aux retards accumulés pendant la phase aiguë de la pandémie de COVID-19.

«Comme partout au Canada, même je dirais dans le monde, il y a eu une pandémie qui nous a amenés à reporter des chirurgies», a-t-il dit avant d’être interrompu par des députés de l’opposition.

Plus tard, M. Legault a tenté de rejeter la faute aux précédents gouvernements du Parti libéral du Québec, bien que son parti soit au pouvoir depuis 2018.

Le ministre de la Santé Christian Dubé dit avoir demandé à son nouveau coordonnateur de l’accès, Michel Delamarre, de se rendre à l’Hôpital Anna-Laberge. Il s’est aussi permis de critiquer l’organisation des soins dans cet hôpital de Châteauguay, où selon lui, on n’a pas appliqué les mesures d’optimisation formulées par la cellule de crise.

Présente aux côtés du ministre Dubé, la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, a annoncé de nouvelles mesures pour les régions de Montréal et de la Montérégie. On a ouvert 200 nouvelles places en CHSLD et en ressources intermédiaires pour accueillir des patients en «niveau de soins alternatif (NSA)».

Il s’agit de patients qui ont besoin de certains soins, mais qui sont prêts à obtenir leur congé de l’hôpital. Or, beaucoup de ces personnes n’ont aucun endroit où aller si elles ne peuvent rentrer seules à la maison. Un autre lot de 300 places doit faire l’objet d’un appel d’offres auprès des résidences pour personnes âgées afin de recevoir d’autres patients NSA.

Surchauffe au 8-1-1

En plus des urgences surchargées, on s’attend à des délais plus longs dans les services téléphoniques du 8-1-1 ainsi qu’au guichet d’accès à la première ligne (GAP). Selon le MSSS, les services aux centrales du 8-1-1 fonctionnent avec 60 % de leur personnel infirmier.

Mardi, le temps d’attente moyen au service 8-1-1 s’établissait à 1h15.

En raison de ces circonstances, le MSSS demande «la collaboration des Québécoises et Québécois». Il faudra donc prendre son mal en patience si l’on souhaite obtenir des services de première ligne ou dans une unité d’urgence.

À ce sujet, le ministère souligne qu’environ 50 % des patients qui se présentent aux urgences sont considérés comme des cas de priorité 4 ou 5. C’est-à-dire qu’ils n’ont pas réellement besoin de soins d’urgence.

On recommande à ces personnes de prioriser les autres services, dont le 8-1-1, en faisant preuve de patience. Il est aussi possible de consulter son médecin de famille si l’on est inscrit dans un groupe de médecine familiale.

Il est aussi possible d’obtenir un rendez-vous dans une clinique en utilisant les plateformes Rendez-vous santé Québec, Clic Santé ou Bonjour Santé. 

On suggère également de consulter son pharmacien, qui peut prodiguer certains conseils.

En ce qui concerne les mesures déployées par Québec pour limiter les conséquences sur les services, on dit avoir mis sur pied une «équipe de coordination» devant assurer «le bon déroulement des opérations» lors des épisodes de grève.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.