Joyeux Noël et paix aux hommes et femmes de bonne volonté
C’est mon premier Noël comme orpheline J’ai perdu ma mère l’été dernier. Certains diront que je suis chanceuse d’avoir eu ma maman si longtemps et ils auraient raison, puisque j’ai 61 ans. Quant à mon père, il est mort dans la fleur de l’âge, il y a 44 ans, emporté par un cancer causé par l’amiante.
C’est donc mon premier Noël, comme orpheline. Je n’étais pas présente auprès d’elle, dans les dernières quatre années de sa vie, vivant à l’autre bout du pays, et je regrette de ne pas avoir pu parler avec elle de nos mésententes, de nos blessures communes, de ce qui était difficile entre nous.
Mais lors de notre dernière conversation téléphonique, je lui ai dit que je l’aimais, ce que je n’avais jamais pu faire auparavant. Pressentiment? Peut-être.
Et à sa manière, elle m’a confirmé qu’elle m’aimait. Elle était de cette génération qui ne parle pas de ses émotions, du passé, dont la «fierté» interdit de parler de ses faiblesses, de ses erreurs.
Quant à moi, perdue dans mon coin de pays, j’ai dû travailler sur moi, sur mes émotions de petite fille et finalement devenir une adulte. Je voulais que mes adieux, à la cathédrale où nous avions organisé une petite cérémonie mon fils et moi, donc, je voulais que mes adieux à la femme qui m’avait enfantée, élevée et m’avait guidée, soit des adieux pleins de lumière, qui me laissent de la chaleur au cœur, et non un mauvais goût dans la bouche.
Oui, j’ai dû travailler fort. Et je suis sûre qu’elle m’a entendue lorsque je lui ai dit qu’elle avait été la meilleure maman qu’il lui était possible d’être… et c’est souvent ce qu’on oublie, empêtrés que nous sommes dans nos blessures d’enfant; que nos parents font ce qu’ils peuvent, avec leur passé, leurs expériences, leurs croyances, leurs filtres. Ils font du mieux qu’ils peuvent.
Et cette réalisation a été ma porte de salut. J’ai pu la laisser partir en paix, dans l’amour que j’avais refoulé sous toutes ces émotions nourries par un restant de victimite.
Et mon souhait pour tous, en cette saison de Noël, est de trouver la paix, d’avoir le courage de dire à vos proches que vous les aimez et de laisser aller du passé et de ces moments difficiles qui, en fait, vous ont rendu plus fort.
Paix aux hommes, et aux femmes, de bonne volonté; amour dans vos cœurs; bienveillance dans vos échanges de tous les jours; compassion pour tout ce qui vit, y compris vous-même… et Joyeux Noël!
Marie-Hélène Bourret
Victoria, Colombie Britannique