L’héritage municipal

La Municipalité de Saint-Ferdinand s’apprête à effectuer une construction majeure, soit l’installation d’une passerelle pour vélos et piétons.

Un tel projet est perçu par les élus comme un gros projet qui va attirer les touristes et aider à l’économie de la municipalité. Des subventions importantes de la MRC de L’Érable et autres peuvent être accordées pour de tels projets. Alors allons-y. Un projet qui date de plusieurs années, un projet important qui vaudra une reconnaissance et augmentera l’estime de ceux qui l’auront réalisé.

Dans les faits, il permettrait aux résidents et touristes de Saint-Ferdinand de faire le tour du lac William sans en faire un détour par une route plus vallonnée, celle passant par le rang 10.

La passerelle va servir à combien de cyclistes? Ils sont très rares dans la région. Lorsque nous en croisons, ce sont des cyclistes dits de route, avec des vélos de performance, qui ne sont pas intéressés par ce type de route de gravier et en asphalte par bout et souvent mal entretenu. Le projet s’adresse alors à un petit groupe de cyclistes. Alors, permettez-moi de douter de la réalité d’un tel projet.

Faire le tour souhaité à vélo nécessite un passage obligé sur la route 165, une route achalandée, étant une artère principale, elle est empruntée par de nombreux camions, et dont la vitesse permise est de 90 km/h. Ce circuit ne permettra pas d’en faire une activité familiale en toute sécurité.

Nous questionnons l’emplacement choisi pour l’établissement d’une passerelle considérant qu’à cet endroit, tous les printemps, la crue des eaux et la descente des glaces causent des dommages au rivage. La crue est si importante que la route des Chalets, longeant une partie du lac William, est partiellement inondée chaque printemps et parfois isolant les résidents.

En tant que résident de la Municipalité de Saint-Ferdinand, je demande et m’attends à ce que les finances soient bien gérées et en respect d’un budget de fonctionnement. Un projet récent, effectué à faible coût par une autre municipalité, a ravivé ce vieux projet municipal.

Avec l’aide de mes voisins, nous avons effectué des démarches auprès des représentants de la Municipalité pour l’obtention de précisions et d’informations sur cette future passerelle. Nous n’avons obtenu que des réponses vagues et contradictoires d’une fois à l’autre. Cela nous incite à croire que les conseillers sont prêts à procéder à la construction d’une telle passerelle, peu importe les coûts.

Est-ce que les élus sont à la recherche d’un projet qui leur permettrait de laisser un héritage de leur passage ou si la Municipalité reçoit une pression indue de certains résidents et corporation? Cette affirmation est basée sur le fait que la Municipalité semble ne pas avoir de budget alloué à ce projet, puisqu’elle est incapable de nous le fournir, alors que plusieurs démarches sont en cours. À preuve, l’acte de vente des terrains envers la Municipalité fait l’objet de l’ordre du jour de la séance du conseil du 8 mars.

Le choix de l’emplacement de la passerelle est discutable et ne me semble pas idéal considérant les ravages effectués par les glaces printanières. Ajouter les marges de reculs requises, il en résulte que la passerelle devra être suffisamment longue.

À cet endroit, la rivière Bécancour est une frayère importante pour les poissons du lac William, de plus, elle abrite une espèce de poisson en voie de disparition, le fouille-roche gris. On y croise quelques tortues sans oublier les canards et autres espèces d’oiseaux. L’habitat est idéal pour certains oiseaux. Un couple de balbuzard et de pygargue ont adopté cette embouchure pour y chasser et pêcher, ils sont parmi les oiseaux de plus en plus rares au Québec.

Nous avons proposé une alternative à la Municipalité qui a immédiatement été rejetée. Nous proposons de déplacer cette passerelle un peu plus loin sur la route des Chalets. Cette proposition possède l’avantage d’éviter les plus grosses glaces puisqu’elles auraient déjà été brisées à l’embouchure, tout en permettant d’être plus étroit et d’avoir une passerelle plus réaliste. L’argument contre la proposition est que l’accès arrive sur une route privée. C’est pourtant également le cas pour un terrain actuellement convoité.

Des subventions seront nécessaires pour la réalisation d’un projet aussi important pour la Municipalité dont le budget de fonctionnement est inférieur à 1,5 million $. La perception de bien des gens est qu’avec les subventions reçues, on dirait que personne ne paie pour cela. Que faisons-nous de toutes nos taxes diverses, nous payons tous pour cela finalement, d’une manière ou d’une autre.

Pendant ce temps, des projets importants sont ignorés ou mis de côté faute de financement adéquat, le rehaussement de la route des Chalets en est un exemple, où chaque printemps, la crue des eaux fait en sorte que l’accès aux résidences est fermé pour quelques jours. La Municipalité considère qu’un projet en zone inondable est très compliqué. La construction d’une passerelle à la décharge du lac l’est tout autant sinon plus. L’attraction touristique semble plus importante que la sécurité des résidents.

Plusieurs résidents ont fait de cette route, anciennement à chalets, leur résidence principale. Une bonne proportion de ceux-ci sont des retraités pour qui l’accès en cas d’urgence devient primordial. Nous demandons aux maires et conseillers de faire une gestion équitable des budgets qui leur sont dévolus et de reconsidérer l’apport véritable que va rapporter cette passerelle pour les habitants de Saint-Ferdinand. Il y a tellement d’autres projets qui pourraient être faits avec cet argent et qui profiteraient à un plus grand nombre de résidents.

Claude Samson
Route des Chalets, Saint-Ferdinand