Ras le pompon!

Depuis l’arrivée de la COVID-19 dans la région, les gens ont peur et c’est normal. Nous commençons toutefois à percevoir un danger tout aussi pernicieux que ce virus. Je parle du déchirement social qui pointe vers les personnes de 70 ans et plus.

Certains individus ont la perception que les gens âgés sont porteurs de la maladie, CE QUI EST FAUX. Rappelons que toute personne, même celle qui est jeune et en bonne santé, peut à son insu transmettre la maladie. Si le gouvernement recommande aux personnes âgées de rester chez elles, ce n’est pas pour protéger la société de gens potentiellement « pestiférés », mais pour préserver nos aînés plus vulnérables. Il serait donc davantage responsable de parler de TOUTE personne à la santé fragile, peu importe l’âge. Rappelons également que, jusqu’à présent, cette recommandation de réclusion volontaire pour les 70 ans et plus n’est pas une loi.

J’en ai ras le pompon de voir certains commis de magasin faire la leçon aux personnes âgées qui se pointent au commerce en leur disant « restez chez vous » et de commenter le contenu du panier « qui devrait seulement être des choses essentielles ». Si je suis jeune, j’ai le droit de me procurer une bouteille d’apéritif à la SAQ, mais si j’ai plus de 70 ans, je n’ai pas le droit d’avoir un sac de chips dans mon panier d’épicerie! Ce qui semble essentiel pour l’un ne l’est pas forcément pour l’autre.

Il n’est pas non plus de notre ressort de juger ce qui motive une personne âgée à se déplacer elle-même. Nos aînés sont capables de juger ce qui convient le mieux pour eux. Il ne faut pas confondre ceux qui sont inaptes à prendre des décisions avec ceux qui sont en pleine possession de leurs facultés mentales. Rappelons également que si des personnes font de mauvais choix, cela n’est pas le propre d’une tranche d’âge en particulier.

J’en ai ras le pompon de trop souvent me faire recevoir dans les commerces avec une face de bois et de me faire donner les recommandations d’un ton sec, comme si un ton aimable et un sourire transmettaient le coronavirus. Suivons les directives, oui, mais n’oublions pas le côté humain, car, en le négligeant, cela fait aussi des ravages. Merci donc à toutes les personnes qui travaillent dans le public et qui nous regardent encore comme des êtres humains. En cette période difficile, un sourire ou un mot gentil fait plus de bien qu’en temps normal.

Je suis loin d’avoir 70 ans, mais si une autre pandémie devait nous toucher dans 30 ou 40 ans, j’espère que la société aura évolué et que je ne serai pas traitée comme nos aînés d’aujourd’hui. C’est dans de telles circonstances que l’on voit le véritable fond des gens.

Diane Raymond
Saint-Ferdinand