Éoliennes de l’Érable réclame près d’un million $ à deux citoyens

Le promoteur Éoliennes de L’Érable réclame près d’un million $ en frais de cour, quatre ans après la conclusion du procès en recours collectif intenté contre lui par deux citoyens. Les requérants Jean Rivard et Yvon Bourque se sont plaints de troubles de voisinage pendant la construction et la mise en service de la centrale. 

Le promoteur, conscient des effets négatifs de ses éoliennes en milieu habité, s’était engagé à verser une compensation financière aux riverains affectés. L’entente signée avec les municipalités sans l’approbation des citoyens concernés a été jugée dérisoire par ceux-ci. Elle stipulait que « les sommes versées devront servir en priorité à l’atténuation des impacts négatifs du projet pour compenser la présence et les impacts des éoliennes sur les propriétaires se trouvant affectés directement par le projet ». Au terme d’un procès mouvementé qui s’est étiré sur une dizaine d’années, la juge, insensible aux doléances des riverains, avait tranché en 2018 en faveur du promoteur. 

Le Comité des riverains du projet éolien de L’Érable blâme sévèrement le promoteur qui n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice; ses nombreuses condamnations dans son pays d’origine confirment son statut de mauvais citoyen corporatif. 

Rappelons que pour vendre son projet aux municipalités, le promoteur avait promis la création de 25 emplois permanents pendant 20 ans et la construction d’un bâtiment phare de plusieurs millions de dollars, l’Étoile de L’Érable. Celui-ci n’a jamais vu le jour et seulement trois à quatre emplois ont été créés. 

Les maigres efforts de la part des élus pour tenter d’obtenir réparation et compensation ont échoué lamentablement, recevant une fin de non-recevoir de la part du promoteur. Pourquoi, dans le cadre d’un procès terminé il y a quatre ans, la multinationale espagnole s’en prend-elle à deux citoyens irréprochables qui se sont portés à la défense de leur milieu de vie et de leur santé au nom de plusieurs centaines de riverains? 

Il est clair que ce coup de gueule du promoteur vise à décourager tout citoyen qui voudrait dénoncer ou s’opposer à tout projet éolien industriel en territoire habité. Cette réclamation-bâillon coïncide avec la récente annonce d’Hydro-Québec de retenir huit projets éoliens industriels en territoire habité et avec l’annonce du gouvernement de réduire l’importance de l’acceptabilité sociale afin d’accélérer les mises en chantier d’énergie éolienne. 

De plus, avec la récente création d’une régie inter-MRC (Érable-Appalaches-Lotbinière) axée sur l’implantation d’un maximum d’éoliennes industrielles supplémentaires sur le territoire, le promoteur Éoliennes de L’Érable, un partenaire privé éthiquement et moralement défaillant, salive à l’idée de s’allier à nouveau avec les élus.

Les éoliennes projetées de 6MW-7MW, plus puissantes et hautes de 650 pieds, comparativement à 450 pieds pour les turbines actuelles de 2 MW, font craindre le pire aux riverains déjà fortement impactés par le nombre d’éoliennes le plus élevé sur le territoire d’une municipalité au Québec (Saint-Ferdinand : 30, Sainte-Sophie : 18). 

La politique énergétique actuelle du gouvernement consacre le pacte qui unit le promoteur, les municipalités et le gouvernement, laissant le citoyen ordinaire, soi-disant au centre des préoccupations, avec peu de moyens et de ressources pour faire valoir ses droits. Et voilà qu’Éoliennes de L’Érable s’en prend à ce droit fondamental qu’est le recours collectif en exigeant une réclamation-bâillon d’un million de dollars à deux citoyens ordinaires, pendant que ses éoliennes, source continue d’impacts négatifs, lui rapporteront des revenus frôlant le milliard de dollars à terme en 2033.

Claude Charron
Comité des riverains du projet éolien de L’Érable