À quelques mois des JO, les règles ne sont pas uniformes pour les Russes

À six mois de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, on ignore toujours si les athlètes russes pourront y participer, et si oui, leur nombre exact. 

Les Russes tentent présentement de se qualifier pour les Jeux olympiques en tant qu’«athlètes neutres» dans divers sports de combat tels que le judo et la lutte, mais pas dans certaines disciplines phares telles que l’athlétisme, la natation et la gymnastique. 

La Russie est insatisfaite de savoir que ses athlètes ne pourront voir leur drapeau ou entendre leur hymne national, et le président Vladimir Poutine a déclaré le mois dernier que la Russie n’avait toujours pas décidé si elle enverrait ses athlètes aux Jeux de Paris ou non. Ceux-ci commenceront le 26 juillet. 

Les athlètes ukrainiens sont frustrés de constater que certaines fédérations sportives jouent avec les mots afin de permettre aux Russes qui ont soutenu la guerre ou qui entretiennent des liens avec l’armée ou les services de sécurité de leur pays de compétitionner sous bannière neutre. 

Si les Russes sont à Paris, alors il y aura des tensions, tout comme aux Championnats du monde d’escrime, une épreuve de qualification olympique, où l’escrimeuse ukrainienne Olga Kharlan a refusé de serrer la main de son adversaire russe, qui évoluait sous bannière neutre, Anna Smirnova. 

Smirnova a protesté en s’assoyant au sol jusqu’à ce que l’Ukrainienne soit disqualifiée, mais le Comité international olympique est intervenu et a offert une «exemption unique» à Kharlan pour qu’elle participe aux JO. 

Comment peuvent-ils se qualifier?

Le CIO a élaboré un programme «d’athlète individuel neutre» destiné aux athlètes de la Russie et de son allié militaire, le Bélarus. Les deux pays avaient été suspendus par la plupart des fédérations sportives internationales un an plus tôt à la suite de l’invasion de l’Ukraine. 

Ce processus est dirigé par les fédérations sportives qui organisent leurs propres épreuves de qualifications. Le CIO souhaite qu’elles excluent les Russes et les Biélorusses qui entretiennent des liens avec l’armée, les services de sécurité de leur pays respectif, ou qui ont encore publié des messages de soutien à l’invasion de l’Ukraine sur les réseaux sociaux. L’éventail de règlements en vigueur dans les 32 disciplines olympiques signifie qu’il est très difficile d’avoir une idée claire du nombre d’athlètes qui pourraient évoluer sous une bannière neutre. 

Le CIO a mentionné que six Russes et cinq Biélorusses sont déjà qualifiés pour les JO de Paris. Et il reste encore plusieurs épreuves de qualifications à venir. 

Le CIO nommera ses propres «experts indépendants» pour les trier sur le volet, a précisé le porte-parole de l’organisation, Mark Adams, la semaine dernière. 

De son côté, le président du Comité olympique russe, Stanislav Pozdnyakov, a indiqué à l’agence de presse russe ‘RIA Novosti’ mercredi qu’il s’attend à des critères de sélection «très stricts», et il a laissé entendre que la décision du CIO de trier les athlètes sur le volet signifie qu’il «n’a pas totalement confiance dans les fédérations sportives internationales». 

Les Russes compétitionneront dans quelles disciplines?

Les sports de combat avaient particulièrement hâte d’accueillir de nouveau les athlètes russes. Le judo, l’escrime, la lutte et le taekwondo ont été parmi les premières disciplines à adopter la politique des «athlètes neutres» en 2023. De plus, les Russes participent régulièrement à leurs épreuves de qualifications. 

Les fédérations sportives russes ont adopté différentes approches par rapport au système des «athlètes neutres», et il n’y a toujours pas de décision finale du gouvernement dans ce dossier. Poutine a exprimé des préoccupations en décembre au sujet des règles, qui pourraient entraîner selon lui l’exclusion de nombreux espoirs de médailles russes aux JO.   

L’entraîneuse de gymnastique russe Valentina Rodionenko a confié à un média russe que son pays ne devrait pas participer aux Coupes du monde à moins que les règles soient assouplies. Les données de la Fédération internationale de gymnastique indiquent que l’organisation a octroyé le statut «neutre» à 30 individus du Bélarus, dont certains athlètes, entraîneurs et dirigeants, mais aucun Russe. 

De plus, il ne devrait pas y avoir de Russe aux Championnats du monde aquatiques le mois prochain au Qatar, une épreuve de qualification déterminante. Cinq nageurs du Bélarus doivent cependant s’y rendre. 

Les fédérations de natation et de gymnastique russes n’ont pas répondu aux demandes afin de savoir si elles avaient soumis des demandes pour leurs athlètes. 

La Russie s’est absentée des épreuves de qualifications en haltérophilie afin de dénoncer une condition qui stipule que ses athlètes doivent «éviter d’exprimer toute forme de soutien à la guerre». Le Bélarus a participé à ces compétitions. 

Les athlètes russes sont toujours suspendus des épreuves d’athlétisme. Le CIO empêche la Russie et le Bélarus de participer à des sports d’équipe tels que le soccer, le basketball ou le volleyball parce qu’il estime que ces pays doivent seulement participer à des épreuves «individuelles». Les équipes de double au tennis, ainsi que les embarcations de deux athlètes, pourraient cependant être approuvées. 

– Avec le journaliste de l’Associated Press Graham Dunbar, à Genève