Les pionnières du hockey féminin vivent le bonheur depuis les débuts de la LPHF

MONTRÉAL — On pouvait se douter que France St-Louis allait surveiller de près les activités de la nouvelle ligue professionnelle de hockey féminin et de son club montréalais. Depuis maintenant trois semaines, c’est exactement ce qu’elle fait, avec passion et en nageant en plein bonheur.

Cette pionnière du hockey féminin au Québec ne se contente pas d’observer sa nouvelle équipe sportive préférée en personne, grâce à ses billets de saison. Elle regarde des matchs d’autres équipes et navigue aussi sur le site internet de la LPHF à la recherche d’informations sur certaines joueuses.

Bref, elle en est totalement imprégnée, et se dit éblouie et impressionnée par ce qu’elle voit et par la réponse du public.

«Ça fait tellement longtemps qu’on attendait ça, et on voit que c’est une ligue vraiment professionnelle. En plus, les partisans sont là. C’est une fête incroyable dans les gradins», décrit-elle, en s’attardant particulièrement aux jeunes filles qu’elle voit s’animer dans les estrades, mais aussi aux nombreuses personnes qu’elle avait perdues de vue et avec lesquelles elle a pu renouer lors des matchs locaux de l’équipe de Montréal.

«C’est rafraîchissant de voir l’ambiance dans les gradins, renchérit-elle. Les gens sont contents, ils ont le sourire aux lèvres. C’est là que l’on voit que le sport est rassembleur. Et il me semble que ça fait du bien en ces temps-ci, où il y a toujours de mauvaises nouvelles.

«J’ai toujours été une passionnée de l’équipe du Canadien de Montréal, mais là, je le suis de l’équipe de Montréal. J’ai des frissons rien qu’à en parler», ajoute St-Louis.

Les sensations que vit St-Louis, l’ancienne gardienne de but Kim St-Pierre les ressent également.

«C’est un peu un rêve qui devient réalité. En tant qu’ancienne joueuse de hockey, c’est une ligue comme ça dont on a rêvé», a noté St-Pierre.

«Donc, de le voir de mes propres yeux, j’ai de la misère, on dirait, à m’en remettre tellement je suis fière de voir cette ligue-là mise en place. Je suis tellement fière de voir les joueuses, les entraîneurs et les fans, surtout, qui ont vraiment répondu à l’appel», a-t-elle poursuivi.

Assistances intéressantes

Officiellement lancée le 29 août dernier, la LPHF a tenu son match inaugural le Jour de l’An lorsque New York a visité Toronto à l’ancien Maple Leaf Gardens.

Depuis, les six clubs qui composent les cadres du circuit ont joué 14 autres matchs, et la moyenne des assistances s’élève à 4835 spectateurs, selon les chiffres publiés sur les feuilles de pointage.

L’équipe de Montréal, qui a disputé six parties, dont la moitié à domicile, se débrouille plutôt bien au chapitre des assistances.

Les deux rencontres qu’elle a jouées à l’Auditorium de Verdun – qui compte un peu plus de 3000 places assises – ont été présentées à guichets fermés. 

Par ailleurs, une visite sur le site internet de l’équipe montréalaise annonce complet pour l’achat en ligne de billets individuels pour les cinq autres parties prévues à Verdun cette saison.

La formation montréalaise a également joué le premier de quatre matchs à la Place Bell de Laval, mardi dernier, devant une foule de 6334 amateurs qui ont fait fi du mauvais temps qui sévissait dans la région.

Ainsi, en trois matchs locaux, l’équipe de Montréal a accueilli 12 811 spectateurs, soit environ 4270 par rencontre.

«Oui, il y a le nombre, mais il y a le fait que c’est pleine capacité (à Verdun). Pour moi, le fait que ce soit pleine capacité, c’est très fort comme message. Qu’il y ait 6300 personnes un soir de tempête, un mardi à Laval, ça parle fort», estime Danièle Sauvageau, directrice générale de l’équipe de Montréal.

Au-delà de cet engouement des spectateurs, il y a le niveau de jeu qui, jusqu’à maintenant, s’avère très relevé, souvent spectaculaire, et où l’aspect physique est très présent.

«C’est bon. C’est bien plus physique que je ne l’avais anticipé. C’est plaisant à regarder. Les joueuses ont beaucoup d’habiletés, beaucoup de talent», a constaté Jared Davidson, un attaquant du Rocket de Laval qui a assisté au match de l’équipe montréalaise à Laval en compagnie de quelques coéquipiers.

Les dernières personnes étonnées de la qualité du jeu sont Sauvageau, St-Louis et St-Pierre.

«C’est une belle surprise de voir, oui, peut-être, autant de spectateurs, mais moi, je savais que le produit était vraiment incroyable», affirme St-Pierre.

«J’avais hâte que quelqu’un leur donne une chance, parce qu’elles le méritent. Ce sont des athlètes professionnelles depuis longtemps, et on n’avait pas cette chance-là. De le voir sur la glace, c’est vraiment exceptionnel», a-t-elle continué. 

«Ce que l’on voit sur la glace, c’est exactement ce que l’on dit depuis des années», ajoute Sauvageau.

«J’ai eu l’occasion de travailler avec l’équipe nationale française, j’ai été dans la division élite, les divisions 1A et 1B. Il y a des joueuses extraordinaires à travers le monde qui ne jouent pas pour un pays qui est dominant, qu’on ne voit jamais, et qu’on va apprendre à connaître via une ligue comme ça», a-t-elle souligné. 

Et trois semaines après ce début de saison, plus personne ne parle de l’absence de logos ou de surnoms d’équipe.

Sur les chandails des six équipes ne se trouve que le nom de la ville, inscrit en diagonale.

«Je trouve que ça apporte un sentiment d’appartenance à la ville où l’équipe a la chance de jouer et de s’entraîner», fait remarquer St-Pierre.

«Ce qui est le plus important, c’est le spectacle que l’on a, ce sont les joueuses, que les matchs soient tous présentés à la télé et qu’on puisse les suivre comme une vraie ligue professionnelle, sachant, bien sûr, que (le logo) ça va venir», a-t-elle résumé. 

France St-Louis voit les choses de la même manière.

«Pour moi, l’important, c’était de commencer, d’amener l’équipe sur la patinoire et de voir l’engouement. Puis après, ce sera l’autre étape. Il faut laisser les choses évoluer. Déjà, c’est beaucoup, ce qui a été fait», a-t-elle conclu.