Test atypique d’Artur Beterbiev: Marc Ramsay réplique aux allégations d’Eddie Hearn

QUÉBEC — Si Eddie Hearn souhaitait faire couler l’encre, il a réussi son pari. S’il souhaitait déranger le triple champion des mi-lourds Artur Beterbiev à quelques jours de son affrontement contre son protégé Callum Smith, il a lamentablement échoué.

Hearn a fait grand bruit d’un test antidopage atypique subi par Beterbiev (19-0, 19 K.-O.) le 6 décembre dernier. Les résultats de ce dernier démontraient des taux plus élevés d’hormones de croissance humaine et d’androstanédiol. 

«Comme promoteur d’un boxeur dans l’autre coin, c’est inquiétant, a dit Hearn jeudi. Nous avons demandé à la VADA comment c’est possible et comment expliquer ces résultats. On veut savoir. Nous ne sommes pas des scientifiques. Mais nous ne pouvons rien faire, car il ne s’agit pas d’un test positif.

«À mes yeux, il n’y a que deux résultats possibles: le test est complètement négatif, ou il est positif. Mais quand vous voyez cela, vous êtes inquiet. Mais j’insiste: nous n’accusons pas Artur Beterbiev de dopage. Mais je ne ferais pas mon travail de promoteur si je ne posais pas les questions ou ne venais pas à sa défense. (…) J’aurais préféré que l’information sorte plus tôt afin que nous puissions avoir une discussion franche sur ce sujet.»

Trois tests subséquents menés par la Voluntary Anti-Doping Agency (VADA) — Eye of the Tiger Management parlait d’abord de quatre — ont démontré que le Montréalais d’origine russe était propre.

L’entraîneur du champion de l’International Boxing Federation (IBF), du World Boxing Council (WBC) et de la World Boxing Organization (WBO), Marc Ramsay, a d’ailleurs vivement réagi vendredi aux propos de Hearn, qui est à la tête du groupe international de promotion Matchroom Boxing.

Après la pesée officielle du gala prévu samedi, au Centre Vidéotron, Ramsay a souligné à quel point son boxeur s’était soumis à toutes les exigences de la VADA (mandatée par les promoteurs des deux clans) lors des deux camps d’entraînement pour ce duel, d’abord prévu en août dernier.

«Vous l’avez votre réponse: si le test avait été positif, on ne serait pas ici, le show aurait été annulé. La VADA ne demande pas aux organisateurs d’annuler, le show est annulé, simplement», a lancé Ramsay.

Ramsay a aussi rappelé à Hearn qu’on ne doit pas lancer les premières pierres quand on habite une tour de verre.

«Bien sûr, il essaie de nous jouer dans la tête avec ça. Ce qui est drôle, c’est que c’est le même gars qui a laissé monter dans le ring un autre de mes boxeurs, Oscar Rivas, avec un gars dopé, Dillian Whyte. J’attends toujours les résultats de l’échantillon B, je ne les ai jamais eus. Vous pourrez lui passer le message.»

Un autre boxeur de l’écurie Hearn, Conor Benn, fait aussi l’objet d’accusations de dopage. Benn a échoué deux tests antidopage, menant à l’annulation de son combat conte Chris Eubank fils. Sa suspension a été levée en juillet dernier, mais l’organisme britannique antidopage, UKAD, a porté cette décision en appel quelques semaines plus tard.

Ramsay croit que le promoteur a fait cette sortie à deux jours de la tenue de l’événement pour tenter de «jouer dans la tête» de Beterbiev. Sur ce point, c’est raté: le champion ne s’est pas laissé atteindre par ce coup d’esbroufe.

«Artur est tellement concentré qu’il me regardait en voulant dire: ‘Si je suis positif, qu’on annule’. Mais rien n’a été annulé. (…) Il comprend aussi le jeu [de Hearn]. On est très concentré sur l’objectif.»

Ramsay ne sent pas que la réputation de son plus illustre protégé soit entachée.

«On ne sait pas pourquoi ce test est revenu anormal. Mais j’ai déjà vu ça avec d’autres boxeurs, a-t-il souligné. Ça arrive. C’est la première fois dans le cas d’Artur.

«Il va être encore testé après le combat. On a été testé de façon aléatoire cinq fois pendant le camp. De la façon dont je vois ça, t’es enceinte ou tu ne l’es pas: tu ne peux pas être ‘semi-enceinte’.»

Ramsay souligne d’ailleurs que si son boxeur voulait tricher, son équipe n’aurait pas fait appel aux services de la VADA.

«C’est nous qui avons demandé les tests. En plein milieu du premier camp, on se rendait compte que [les testeurs de la] VADA ne débarquaient pas. On a contacté [la présidente de la VADA] Margaret Goodman pour lui demander si les démarches avaient été entreprises en vue du combat. Quand elle nous a dit que non, nous avons exigé des deux promoteurs qu’ils le fassent.»

Ramsay estime cependant que tout cela est de bonne guerre et il n’en veut pas à Hearn d’avoir joué cette carte.

«C’est normal. On veut déranger de toutes les manières et j’ai déjà fait des choses semblables pour déranger l’adversaire. Le but pour les deux camps, c’est de gagner ce combat. (…) Tu essaies de trouver toutes les faiblesses possibles chez ton adversaire.»

Quant à la pesée, elle s’est passée sans incident.

Autant Beterbiev que Smith (29-2, 21 K.-O.) a respecté la limite de 175 livres (175 contre 174,6). Idem du côté de l’Australien Jason Moloney (26-2, 19 K.-O.) et de l’Américain Saul Sanchez (20-2, 12 K.-O.), qui s’affronteront dans l’autre championnat du monde à l’affiche, celui des coqs de la WBO, ceinture détenue par Moloney.

Neuf combats seront présentés en tout à compter de 17h30, dont celui entre les super-moyens Christian Mbilli (25-0, 21 K.-O.) et l’Australien Rohan Murdock (27-2, 19 K.-O.), alors que le Montréalais d’origine française tentera de défendre ses titres WBC Continental et WBA International.

On attend plus de 10 000 spectateurs au domicile des Remparts de Québec. Ceux qui ne peuvent se rendre sur place peuvent se procurer le gala sur PunchingGrace.com.