Les amateurs de la série Emily in Paris envahissent les rues de Paris

PARIS — L’immense succès de la série Netflix «Emily in Paris» a transformé une place calme et intacte de la capitale française en un pôle d’attraction touristique. 

Dans le Quartier latin historique et à quelques pas du magnifique Panthéon en forme de dôme, niché si profondément qu’on pourrait facilement le manquer, se trouve la place de l’Estrapade. Pour les admirateurs inconditionnels de la série portant des bérets, cette partie du quartier est devenue un point de repère à part entière.

C’est parce que c’est là que le personnage fictif d’Emily Cooper, une Américaine d’une vingtaine d’années interprétée par Lily Collin, vit, dîne et mange des pâtisseries de sa boulangerie locale.

Cette nouvelle attraction peut être dérangeante pour les vraies personnes qui vivent et travaillent dans le secteur, mais l’émission suscite également une nouvelle passion pour Paris – et même les graffitis anti-Emily sont devenus une partie de l’attraction.

La comédie romantique, dont la troisième saison est sortie en décembre, retrace les aventures et mésaventures d’Emily dans sa carrière parisienne et sa vie amoureuse.

Un jour de semaine ensoleillé, la place grouille de touristes des États-Unis et de bien au-delà, prenant des photos, des vidéos et des égoportraits.

Tout est là: l’immeuble d’Emily au 1, place d’Estrapade, où elle vit dans le même immeuble que son intérêt amoureux, Gabriel. Le restaurant où Gabriel – interprété par l’acteur français Lucas Bravo – est le chef. Et, bien sûr, la boulangerie qu’elle adore.

La danseuse Riskya Octaviana, de Jakarta, en Indonésie, est venue directement à Paris après s’être produite en Allemagne en raison de son amour pour la série. Après avoir virevolté sur la place, à la manière d’Emily, elle a dit: «Emily est ma grande amie».

Elizabeth et Ruben Mercado ont célébré leur 25e anniversaire de mariage à Paris et ont visité le quartier d’Emily dans le cadre de leur voyage. Elizabeth Mercado a dit qu’elle s’était préparée en regardant l’émission juste avant leur départ.

«Nous avons essayé de pratiquer les petits morceaux de français que nous avons appris pendant  l’émission», a-t-elle raconté.

Les touristes se font un devoir de s’arrêter et de grignoter à la Boulangerie Moderne, qui est présentée dans la série. L’afflux de touristes a dopé les profits, reconnaît le propriétaire Thierry Rabineau.

Mais le revers de la médaille est venu dans les commentaires en ligne. Certaines personnes, dont beaucoup publiaient anonymement, ont fustigé la qualité de sa boulangerie. M. Rabineau pense que l’émission a donné à tort aux téléspectateurs l’impression qu’il dirigeait une pâtisserie de luxe au lieu d’une boulangerie locale standard vendant des croissants à 1,30 euros (1,94 $ CAN)

«Les gens écrivent des commentaires, disant que c’est trop cher, que ce n’est pas bon. C’est dégoûtant. Cela me déconcerte, soutient M. Rabineau. C’est une boulangerie moderne, une petite boulangerie de quartier.»

Il est conscient de la chance qu’il a que l’émission soit arrivée. «Nous profitons d’une situation actuelle […] Mais dans deux ou trois ans, il n’y aura plus de tourisme et nous devrons être ici pour survivre», a-t-il indiqué.

Stéphanie Jamin, qui vit sur la place et croise quotidiennement la foule des touristes, a dû s’adapter à résider dans un lieu incontournable de la carte touristique. Elle dit que les gens eux-mêmes ne sont pas une nuisance, mais que la foule peut être imposante.

«Nous sommes devenus un quartier ultra-touristique, alors que c’était une petite place encore un peu préservée du tourisme», a-t-elle expliqué.

Un autre résidant sortant de l’immeuble d’Emily dit être allergique à l’émission. «Emily Not Welcome» (Emily n’est pas bienvenue) est même griffonné en graffiti rouge sur une partie de la façade.

Mais le graffiti aussi attire les admirateurs, les visiteurs se prenant en photo en soulignant la remarque désobligeante. Parmi eux se trouvait Abdullah Najarri, un interniste de Berlin qui qualifie la série de «divertissante».

«J’ai pu voir beaucoup de Paris à travers cette série, en fait, et le style de vie et les clichés – en partie vrais, en partie faux, donc c’est sympa», a-t-il confié.