Le Multi-Gym de Thetford Mines ouvre ses portes malgré l’interdiction

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Le centre de conditionnement physique Multi-Gym de Thetford Mines a ouvert ses portes en matinée le jeudi 29 octobre, défiant ainsi le décret ministériel obligeant ce type d’entreprise situé en zone rouge à demeurer fermé jusqu’au 23 novembre.

Rappelons qu’une coalition formée de 200 gyms, centres de yoga, de danse, d’arts martiaux et de crossfit avait annoncé dans les derniers jours son intention de rouvrir à compter de jeudi. Elle avait toutefois fait un pas de recul après que le gouvernement du Québec ait confirmé son intention d’exposer les propriétaires récalcitrants, mais aussi la clientèle, à des amendes salées.

Lors du passage du Courrier Frontenac, deux clients s’étaient déjà présentés pour s’entraîner. « Je trouve cela un peu déplorable que la coalition ait reculé à la suite des menaces de François Legault. Il faut se tenir debout et continuer le mouvement parce qu’il n’y a aucune raison pour que les centres de conditionnement physique soient fermés. Les personnes qui sont venues s’entraîner ont tout de même été averties des conséquences qu’il pourrait y avoir », a mentionné le propriétaire du Multi-Gym François Madore.

L’homme d’affaires a tenu à préciser qu’il ne faisait pas un affront aux policiers ni au gouvernement. « Nous sommes d’honnêtes gens et des auxiliaires de la santé. Nous aidons les personnes ayant des problèmes autant physiques que d’ordre mental. Le gouvernement fait des manœuvres pour désengorger les hôpitaux, mais surveillez bien le boomerang revenir dans un an. Ils seront remplis de gens souffrant de dépression et d’autres maladies reliées à l’obésité. Nous faisons partie de la solution et non du problème », a-t-il exprimé.

À la tête de son entreprise depuis bientôt 30 ans, il déplore le traitement que ses confrères et lui subissent depuis le printemps dernier. « Il y a plus d’une centaine de cas chez Olymel à Vallée-Jonction et la production n’a pas arrêté. Il y a aussi eu une éclosion chez Costco à Lévis et le magasin n’a pas fermé. Nous voyons que le gouvernement vise les petites entreprises où les gens vont y chercher du bonheur. C’est la même chose du côté des restaurants. C’est aberrant! »

Depuis les dernières années, le nombre de membres au Multi-Gym se situait en moyenne dans les 600. Selon M. Madore, ce chiffre ne cesse de descendre. « Quand nous avons fermé en mars, j’avais 620 membres. Présentement, je suis rendu à 320. Cela a diminué de 50 %. J’ai vérifié toutes les expirations à venir et je prévois descendre en bas des 200 d’ici la fin de l’année. »

Le propriétaire estime que l’aide financière apportée par le gouvernement n’est pas suffisante. Il ne prévoit toutefois pas devoir mettre la clé dans la porte. « J’ai en quelque sorte la chance d’avoir peu de dettes puisque tous les équipements m’appartiennent, mais je suis en train de gruger mon fonds de retraite. Je viens d’avoir 60 ans et mon entreprise, c’est le flambeau que je veux laisser à ma fille, mais si ça continue, celui-ci n’aura pas une grande flamme dessus. »

Jean Poulin de District Athlétique se donne quelques semaines avant de prendre une décision finale. (Courrier Frontenac – Jean-Hugo Savard)


Une situation insoutenable

Pour sa part, le propriétaire de District Athlétique de Thetford Mines, Jean Poulin, envisage sérieusement la possibilité de mettre la clé dans la porte définitivement, à moins d’un revirement de situation majeur. Bien qu’il ait l’intention de respecter les règles en vigueur, il se donne tout de même jusqu’à la fin de l’année pour prendre sa décision. « Nous sommes en train de perdre beaucoup d’argent et plusieurs feront faillite. Dans mon cas, je n’ai pas le choix de rouvrir ou de fermer complètement. »

Il a confié que les directives gouvernementales le privent de 3600 $ par semaine de revenus. « Après sept mois, nous sommes rendus à plus de 100 000 $ de pertes. Nous avons un chiffre d’affaires d’environ 200 000 $ par année. Ce n’est pas énorme, mais c’est ce qui nous fait vivre. Nous voulons sauver notre gagne-pain. J’ai un petit bébé de neuf mois à la maison. »

L’entrepreneur ne comprend pas pourquoi l’État vise, entre autres, les salles d’entraînement. « Contrairement à beaucoup de commerces, nous nettoyions déjà nos appareils et depuis le début de la pandémie, nous le faisions encore plus. Nous avons réduit nos groupes. Il n’y en a pas eu d’éclosion. Présentement, il n’y a aucune preuve sur papier que les gyms ou les entités comme la mienne sont nuisibles ou peuvent causer des problèmes. Nous sommes les mal-aimés du gouvernement et nous ne comprenons pas pourquoi. »

M. Poulin est d’avis que la structure du système de santé québécois est malade et que la pandémie de COVID-19 ne fait que déborder le vase.