« Optilab, ce n’est pas aussi beau qu’on nous le laisse croire » – Jean-François Travers

Le représentant de l’Alliance du personnel professionnel et technique du réseau de la santé (APTS) Jean-François Travers a tenu à apporter des précisions au sujet de certains propos contenus dans l’article « Hôpital de Thetford : les analyses microbiologiques transférées à Lévis ».

Dans ce texte, la directrice clinico-administrative Optilab et directrice adjointe des services multidisciplinaires en Chaudière-Appalaches, Annick Bouchard, mentionne entre autres que certains examens comme des tests d’urine qui n’auront pas d’impacts sur la vie, la survie ou encore des conséquences sur la santé des gens et qui peuvent cliniquement attendre deux à trois jours seront transférés à Lévis. Seules les analyses nécessitant une prise en charge rapide continueront d’être réalisées à l’hôpital de Thetford Mines.

M. Travers a d’abord spécifié que le délai d’analyse d’un test d’urine peut entraîner des conséquences très graves sur la santé d’un patient si son médecin n’obtient pas le résultat dans un temps adéquat. « La personne peut se retrouver avec une infection généralisée si ce n’est pas traité rapidement. Ce ne sont pas toutes les infections urinaires qui se transforment en septicémie, mais il y a un potentiel. »

Il a ajouté que la possibilité qu’une infection urinaire auprès de la clientèle plus âgée souffrant de problèmes cognitifs se transforme en délirium est très connue. (NDLR: Il s’agit d’un état de confusion soudain temporaire occasionné généralement par un problème médical sous-jacent. Il indique que la personne est en souffrance.) « Cela peut également engendrer des risques de blessures et de chutes autant pour la personne elle-même, que pour les proches aidants et le personnel de la santé qui doit s’en occuper en urgence. »

Le représentant syndical a aussi indiqué qu’il arrive qu’une inflammation au niveau des reins soit suspectée par le médecin et, en absence d’un traitement adéquat donné dans un temps raisonnable, les conséquences pourraient être importantes.

Laboratoire serveur

Jean-François Travers estime qu’il est faux de croire que l’appareillage situé à l’Hôtel-Dieu de Lévis est en mesure de tout prendre en charge. « Une partie est automatisée, par contre, ça prend encore des technologistes médicaux pour analyser les résultats, les interpréter avec l’apport des médecins et apporter des modifications au besoin. Le CISSS-CA a la prétention de dire que la chaîne automatisée de Lévis s’occupe de tout, alors que ce n’est pas vrai. »

Il a souligné que le laboratoire serveur reçoit des échantillons en quantité industrielle et qu’il y a, à l’heure actuelle, un effet d’entonnoir. « Ça déborde. Il y a des chariots contenant des boites et des glacières dans un corridor de l’Hôtel-Dieu de Lévis. Présentement, des technologistes ne font que répondre au téléphone alors que d’autres s’occupent de placer et de classer ce qu’ils reçoivent. Il n’y a pas de services à la population qui se donnent d’une façon efficiente et efficace pendant ce temps-là. »

D’ailleurs, M. Travers a déploré le fait que l’employeur n’a pas ajouté de personnel de laboratoire pour répondre aux demandes des médecins. « Ils ne savent plus où donner de la tête pour être capables de rejoindre quelqu’un afin de pouvoir apporter des modifications ou faire des ajouts d’analyses. Plusieurs transferts ont eu lieu dans les derniers mois et, à chaque fois,  il n’y a pas eu de rétroaction de la part du CISSS-CA pour voir si cela a été concluant ou pas. »

Enfin, le représentant syndical a dénoncé l’utilisation du mot « jardinage » de microbes de la part de Mme Bouchard lors de son entretien avec le Courrier Frontenac. « C’est ce qui cause le plus de grogne auprès des technologistes. C’est méprisant, honteux et réducteur. Nous ne sommes pas dans une émission pour enfants. Nous parlons d’analyses qui déterminent la santé de quelqu’un quelque part. Cela demande un niveau d’expertise. Nommer le personnel de laboratoire, dont les technologistes médicaux, d’une façon enfantine vient rajouter une couche à l’indécence de “ bulldozer” un transfert », a-t-il conclu.