D’importants coûts à prévoir pour restaurer en partie la rivière Bécancour

D’après une analyse de faisabilité réalisée par l’ingénieur en hydrologie Miroslav Chum de Lac-Mégantic, des investissements de 1,6 million $ pourraient être nécessaires pour restaurer en partie la rivière Bécancour, sans compter ceux à prévoir aux  lacs à la Truite à Irlande et William à Saint-Ferdinand.

Cet expert a été mandaté l’automne dernier par l’Association de protection du lac à la Truite d’Irlande (APLTI) afin d’évaluer la situation et proposer au gouvernement du Québec des pistes de solution viables.

Dans un rapport d’une vingtaine de pages, il est indiqué que le réseau hydrographique de la région de Thetford Mines offre actuellement un portrait désolant et peu compatible avec la préservation de l’écosystème aquatique.

Il faut savoir que depuis plusieurs décennies, la rivière Bécancour est fortement touchée par la sédimentation provenant des haldes minières, le mauvais drainage agricole occasionné par des bandes riveraines inexistantes et les nombreux déversements des eaux usées sans désinfection de l’usine de traitement de la Ville de Thetford Mines. Le lac à la Truite connaît ainsi une eutrophisation inquiétante et l’état des étendues d’eau de la rivière, soit l’étang Stater, le lac William et le lac Joseph, se détériore. La santé de ces plans d’eau est menacée.

Une intervention privilégiée

Parmi les diverses propositions soumises, celle privilégiée par M. Chum consiste à dévier le lit de la rivière Bécancour vers le puits d’exploitation du lac Noir, aussi connu sous le nom de lac d’Amiante, situé entre Black Lake et Coleraine.

« Cela permettrait la décantation efficace des sédiments. Après le passage dans le puits, les eaux seraient ramenées dans le lit actuel de la rivière Bécancour avant le pont de la route 112. Il s’agit d’une variante offrant le rapport coûts/bénéfices le plus avantageux et une bonification ultérieure de cette intervention serait possible », peut-on lire.

L’ingénieur en hydrologie souligne également au passage l’état actuel de la station de traitement des eaux usées. À son avis, « il semble qu’elle ait atteint sa pleine capacité et que les surverses périodiques soient “inévitables”. Naturellement, une analyse des aspects techniques du réseau réalisée conjointement avec la Ville de Thetford Mines est nécessaire afin d’envisager des solutions efficaces et réalistes. »

Au cours de son mandat, l’expert s’est aussi penché sur la possibilité d’une restauration complète des lieux dans l’état prévalant avant le début des activités minières. « Étant donné le bouleversement important du secteur et les inévitables impacts environnementaux d’une telle intervention, il n’est pas réaliste d’envisager ce scénario. De plus, notamment dans les abords de la nouvelle route 112, plusieurs talus des haldes ont été relativement restaurés et végétalisés. Il est à mentionner que certaines sections de l’ancien lac Noir se trouvent actuellement ensevelies au-dessous de plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur de matériel stérile. Pour ces raisons, cette variante n’est pas élaborée davantage », est-il précisé.

Rappelons que le rapport d’enquête du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) portant sur « L’état des lieux et la gestion de l’amiante et des résidus miniers amiantés », déposé l’été dernier, juge prioritaire la mise en place d’interventions susceptibles de réduire les effets négatifs sur le cours d’eau et sur le territoire situé en aval de la zone d’exploitation intensive de l’amiante.

Le début d’un processus

Pour le président de l’APLTI, Réjean Vézina, la présentation de ce rapport n’est qu’une première étape. « Je retiens que c’est un projet viable. Plusieurs professionnels y voient beaucoup de bénéfices pour améliorer la qualité de l’eau en aval de ce puits et ça ferait une immense fosse à sédiments. »

Il pense que l’envoi des eaux usées de la Ville dans le puits plutôt que directement dans la rivière Bécancour lors des surverses serait une bonne chose. « Je sais que ce n’est pas une solution idéale pour l’usine d’épuration, mais ça permettrait à l’administration municipale de prendre le temps qu’il faut pour séparer le réseau sanitaire. De plus, le puits pourrait recevoir de la matière organique parce que trop c’est comme pas assez. Nous en avons beaucoup et il faut réduire cela. »

Le président de l’APLTI croit qu’il est possible d’effectuer des correctifs rapidement. « Nous devons maintenant travailler ensemble pour amener ce projet à terme, et ce, sans avoir des bâtons dans les roues par le ministère de l’Environnement. Avant que le puits soit complètement rempli, ce serait un bon temps pour réaliser des tranchées et permettre au ruisseau Poirier de s’y rendre. Des demandes de permis et de certificat d’autorisation pourraient être acheminées dès cet été en vue de planifier des travaux en 2022. »

Au moment d’écrire ces lignes, l’équipe de la députée de Lotbinière-Frontenac, Isabelle Lecours, jugeait qu’il serait précipité de faire une déclaration à ce stade-ci puisqu’elle venait à peine de recevoir le rapport. Une rencontre par visioconférence avec les membres de l’APLTI pour en discuter est dans les plans.

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