La clientèle étudiante au secours de la pénurie
Les établissements d’enseignement sont mises à contribution afin de répondre au problème de la pénurie de main-d’œuvre. C’est notamment le cas au Cégep de Thetford où l’adéquation formation-emploi occupe une place importante.
«Cela signifie qu’il est nécessaire de fournir un certain nombre de finissants afin de pourvoir au marché du travail. Quand il n’y a pas assez d’étudiants dans un programme, il faut trouver des façons de recruter davantage. L’une d’elles est le recrutement international dans des pays de la francophonie», a expliqué le directeur général du Cégep de Thetford, Robert Rousseau.
L’établissement collégial comprend présentement 10 % de clientèle de l’international, soit entre 80 et 100 étudiants, et son objectif est de doubler ce nombre d’ici les cinq prochaines années. «Ça ne se fait pas de manière instantanée. Il faut bien les accueillir et bien les accompagner si nous voulons les voir rester. S’ils sont heureux chez nous et qu’ils sont en contact avec des entreprises pour un emploi, ils auront le goût d’y demeurer», a soutenu le directeur.
Un autre 35 % du corps étudiant provient de l’extérieur de la région. «Nous ne pouvons pas faire le choix à leur place, mais on essaie de privilégier les entreprises de notre région. Chose intéressante avec la clientèle internationale, quand elle passe par notre école pour trois ans, il y a de bonnes chances qu’elle soit bien intégrée à la culture québécoise en entrant sur le marché du travail parce qu’elle a eu le temps de penser si elle veut faire son projet de vie ici. C’est une forme de garantie pour les entreprises, soit dit sans dénigrer ce qui se fait ailleurs», a poursuivi M. Rousseau.
De pair avec les entreprises
Le Cégep de Thetford travaille de plus en plus de pair avec les entreprises afin de trouver des solutions à la pénurie de main-d’œuvre. Même s’il ne peut pas retenir tous ces étudiants, l’établissement essaie de mettre en place des conditions favorables, comme des stages en alternance étude-travail au cours desquels les employeurs peuvent tester les futurs finissants et leur offrir un poste à la fin de leur formation.
«Les entreprises nous approchent de plus en plus. Plusieurs sentent cette pression associée à la pénurie de main-d’œuvre et au chômage pratiquement inexistant.» – Robert Rousseau
Cela peut passer par la collaboration lors d’événements pour promouvoir une formation et un emploi qui y est relié. Une autre façon est de développer la spécialisation des gens qui sont déjà des employés dans des entreprises par l’entremise des formations offertes par l’établissement collégial.
Par ailleurs, le Cégep n’offre pas seulement des diplômes d’études collégiales, mais aussi des attestations plus courtes qui peuvent mener à un emploi intéressant. «Ce n’est pas fait pour la clientèle qui sort du secondaire, mais celle qui a eu un chemin différent et qui veut se perfectionner. Pour les gens plus âgés qui veulent changer de métier, cela devient une avenue intéressante. Ce ne sont surtout pas des diplômes à rabais, mais des gages de compétence et de crédibilité. Ils garantissent que la personne a atteint un niveau de formation adéquat», a exposé M. Rousseau.
Parmi l’offre du Cégep de Thetford, il y a également le projet dual qu’il a mis en place il y a quelques années. Les étudiants en plasturgie effectuent en effet une partie de leur formation en entreprise. Ce modèle est inspiré de ce qui se fait en Allemagne.
«Nous avons même poussé cela encore plus loin en incluant les centres de recherche. L’an dernier, nous avons intégré la dimension entrepreneuriale en collaboration avec l’Espace entrepreneuriat région Thetford (E2RT). Les étudiants font des projets de conception réels pour des entreprises. Le Cégep de Thetford est un précurseur dans ce domaine et notre objectif est de permettre le même type de formation dans d’autres programmes», a souligné le directeur.
Sciences et technologie
Selon Robert Rousseau, les emplois reliés aux secteurs des sciences et de la technologie sont ceux où la pénurie de main-d’œuvre est la plus criante. Malheureusement, ce sont les programmes dans lesquels il manque le plus d’étudiants.
«Il s’agit par exemple des domaines du génie mécanique, de la plasturgie et de l’informatique. Pour toutes sortes de raison, c’est difficile de recruter dans ces secteurs et c’est dommage parce qu’il y a des carrières extraordinaires. Si j’avais un message à passer aux jeunes qui s’apprêtent à entrer au Cégep ou à ceux qui veulent faire un changement de carrière, je leur dirais de bien regarder les métiers en sciences et technologies. Quand on parle des usines du futur, qui seront automatisées, l’avenir est là», a constaté le directeur du Cégep.
Même si le plastique a mauvaise réputation dernièrement, il ne faut pas croire que le secteur de la plasturgie n’a pas de débouchées, au contraire selon lui. «C’est beaucoup plus que des sacs ou des bouteilles de plastique, les applications sont infinies. Que l’on parle de produits à valeur ajoutée, d’économie circulaire, de plastique bio et de fabrication 3D, c’est un domaine dans lequel il y a des opportunités incroyables. Ces métiers gagnent à être connus», a conclu M. Rousseau.
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