La valeur des terres agricoles toujours en hausse

La valeur moyenne des terres agricoles canadiennes a progressé de 12,8 % en 2022 et en Chaudière-Appalaches, la hausse fut de 13,5 % selon Financement agricole Canada.

Cette progression survient dans un contexte marqué par de solides revenus, les prix élevés des intrants et des hausses de taux d’intérêt. La demande de terres agricoles demeure vigoureuse et l’offre demeure réduite, d’après le dernier rapport de l’organisation. 

La valeur des terres agricoles a connu sa plus forte augmentation depuis 2014, après avoir progressé de 8,3 % en 2021 et de 5,4 % en 2020. Avec 13,5 %, Chaudière-Appalaches se situe légèrement au-dessus des moyennes québécoise et canadienne.

Les conditions économiques difficiles auraient pu ralentir la demande de terres agricoles et donc faire baisser le prix payé pour ces terres en 2022, ce qui ne fut pas le cas, explique Olivier Biron, directeur du service d’évaluation pour le Québec à Financement agricole Canada.

« C’est certain que de voir des augmentations supérieures à 10 %, quand les taux d’intérêt sont en hausse est une surprise, sauf que la force du secteur agricole est une tendance générale. La différence en Beauce est que la hausse est importante par rapport aux années antérieures, pendant que d’autres régions étaient en augmentation », indique-t-il, rappelant les hausses des taux d’intérêt importantes à partir du printemps 2022 et que le palmarès indique la valeur des terres agricoles en date de janvier 2023.

Les hausses de la valeur des terres agricoles les plus importantes au Québec ont été observées dans les régions de Mauricie-Portneuf avec 19,2 %, au Bas-Saint-Laurent – Gaspésie avec 18,3 % et l’Estrie à 17,8 %. Chaudière-Appalaches se situe au 7e rang. Au pays, les augmentations moyennes les plus marquées ont été observées en Ontario, à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick, avec des bonds respectifs de 19,4 %, 18,7 % et 17,1 %. Cinq provinces ont enregistré des augmentations moyennes inférieures à la moyenne nationale, soit la Nouvelle-Écosse (11,6 %), le Manitoba (11,2 %), le Québec (11 %) et l’Alberta (10 %). 

La situation actuelle représente un défi pour les jeunes producteurs, les nouveaux agriculteurs et les autres propriétaires qui souhaitent faire prendre de l’expansion à leur exploitation. Le principe de l’offre et la demande est un facteur qui est le même partout, observe M. Biron. « L’offre est limitée. On ne peut pas créer de terres agricoles, comme on peut créer des logements, à titre d’exemple. Nous avons une superficie en culture qui est stable, ou à la baisse. Cela crée une rareté et l’offre actuelle est largement inférieure à la demande. »

Les principaux acheteurs demeurent les producteurs agricoles existants qui agrandissement leur ferme. Ceux que l’on qualifie de non traditionnels ne représentent que 5 à 15 % des transactions, fait-il valoir. « Pour certains, cela peut représenter un investissement. Dans certains cas, ce seront des municipalités, mais le dézonage demeure difficile, à moins que cela fasse partie d’un plan global. Si une terre est à vendre à proximité d’un producteur agricole qui souhaite prendre de l’expansion, les chances qu’elle soit à vendre de nouveau sont minimes, car une terre se transige aux 25 ou 30 ans. C’est ce qui crée une pression sur les acheteurs éventuels. »

La tendance demeure ainsi à la hausse, observe M. Biron, qui estime toutefois que la progression sera limitée. « Les données préliminaires que l’on a montrent une augmentation, peut-être pas aussi élevée que les années passées, mais nous ne sommes pas dans un mouvement à la baisse », dit-il en conclusion.